Je suis Lula !

Je vous invite à lire le discours puissant et simple de Lula avant qu’il choisisse librement de se laisser incarcérer. Dommage qu’il n’ait pas été plus repris. Merci au réseau Convivialiste de l’avoir traduit et diffusé.

 

J’ai rêvé qu’il était possible de gouverner en intégrant dans la nation des millions de pauvres, qu’un simple métallo sans diplôme pouvait faire accéder les Noirs à l’université. J’ai commis un crime : faire entrer les pauvres à l’université – ces pauvres qui mangeraient de la viande et qui pourraient prendre l’avion. C’est de ce crime que je suis accusé. J’ai rêvé, puisque tel est mon crime, de pouvoir poursuivre ma carrière de criminel. Je vais donc me présenter au commissariat la tête haute et l’Histoire démontrera que les véritables criminels, ce sont mes accusateurs. Je ne leur pardonne pas d’avoir diffusé dans la société et dans le monde l’idée que je suis un voleur. Je ne suis pas au-dessus des lois, car si je pensais l’être, je n’aurais pas créé un parti politique pour aller aux urnes, j’aurais préconisé la révolution.

Le juge a reconnu qu’il n’a aucune preuve, mais qu’il a des convictions. Qu’il garde donc ses convictions pour ses complices. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que plus ils m’attaquent, plus se renforce ma relation avec le peuple brésilien.

Ce putsch n’a pas pris fin avec la destitution de Dilma Roussef. Il ne sera achevé que lorsque ses promoteurs seront parvenus à interdire ma candidature. Leur rêve, c’est de voir Lula en prison. Ma photo comme prisonnier leur provoquera un orgasme à répétition. Vous allez tous voir Lula se diriger vers la prison. C’est n’est pas un être humain qui fait ce chemin vers la prison, mais une idée. Vous tous, vous vous appelez désormais Lula. Ils me suggèrent d’aller à l’ambassade de Bolivie ou d’Uruguay, mais cela n’est plus de mon âge. Je vais les affronter les yeux dans les yeux. De cette épreuve, je sortirai plus fort, meilleur, plus authentique. Je ne saurai jamais comment vous rendre l’affection et le respect que vous me manifestez tous.

Les puissants peuvent toujours couper une, dix, cent roses, mais ils ne pourront jamais empêcher l’arrivée du printemps. Il ne pourront pas dire que je suis caché, ou en fuite. Ils ne me font pas peur. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Je prouverai mon innocence.

Lula aurait pu choisir d’attiser la colère de ses partisans et déclencher des violences révolutionnaires; il aurait pu choisir de s’exiler et attendre qu’on lui rende justice. Il accepte l’épreuve et le jugement de l’histoire. J’admire sans réserve ! …et j’aimerais tant que partout dans le monde des millions de personnes disent « je suis Lula ». Parce que Lula n’est plus simplement « un être humain qui fait ce chemin vers la prison, mais une idée« . Nous devrions tous être Lula, être cette idée de la démocratie, au-delà de nos opinions politiques.

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Auteur/autrice : Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY

Je continue à penser que l’écriture m’aide à comprendre et à imaginer.

 

3 réflexions sur « Je suis Lula ! »

  1. Remplissons si possible le vide sidéral des médias sur le sort de ce héros ! Espérons qu’il se comblera vite et surtout que Lula pourra continuer son action par procuration en attendant sa libération et l’incarcération de ses bourreaux ! 🙏🏼💖

  2. Je suis Lula… « Avec un soupçon de réserve toutefois », comme dirait le poète.
    Je m’interroge, même si le personnage force la sympathie par son engagement et ses fortes paroles.
    Le président a fait l’objet de mises en cause judiciaires sérieuses et de condamnations – certes sujettes à discussion – mais tout de même.
    C’est l’éternel sujet dans ces affrontements politico – judiciaires : instrumentalisation de la justice, dérive des puissants….
    Je ne connais pas cette ou ces affaires sur le fond. Je me dis simplement que la justice rempart contre Trump, Berlusconi – certains dirons Sarko ou Fillon – n’est pas forcément exclusivement l’instrument de la contre révolution bourgeoise lorsqu’il s’agit de Lula, Dilma Rousseff, sans parler de Chavez ou de Maduro….
    Donc, j’attends un peu avant de me prosterner devant la statue du commandeur.

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