Les Ateliers, nom commun – nom propre

Au moment où démarre enfin le projet du Laboratoire de la Transition Démocratique, petit retour sur l’aventure des Ateliers avec la publication d’un document d’une cinquantaine de pages pour garder la trace de ce qui s’est vécue là.

« Ça me rappelle la manière dont on discutait aux Ateliers », « il faudrait un lieu comme le théâtre où se réunissaient les Ateliers », « on avait travaillé ça aux Ateliers »… ces bouts de phrases ponctuent encore souvent les conversations que j’ai avec mes interlocuteurs. Il y a bien une  culture Ateliers qui persiste malgré les années qui passent. J’avoue être réjoui et touché que les Ateliers restent une référence encore actuelle pour quelques-uns quand si souvent une initiative chasse l’autre. Pour moi et pour toujours Ateliers est devenu un nom propre, même si j’aimerais plus que jamais qu’il soit un nom commun ! Une brique de base de la démocratie, réappropriée par d’autres. Nom propre et nom commun !

Au moment où commence une nouvelle aventure avec le laboratoire de la transition démocratique (enfin sur les rails !), un petit retour en arrière n’est pas inintéressant. J’ai ainsi rédigé un document-mémoire qui donne à voir ce qu’a été l’aventure des Ateliers de la Citoyenneté. C’est un texte patchwork avec une présentation des « formats » de rencontres que nous avons mis au point[1], un bilan de ce qui reste et de ce qui pourrait être repris/réinventé, et aussi plein de témoignages de participants recueillis tout au long de l’aventure. Ceux ou celles qui ont été de l’aventure et ont lu  le document m’ont affirmé avoir bien retrouvé ce qu’ils avaient vécu.

Vous pouvez le trouver en pdf sur la colonne de droite du blog, vous pouvez aussi vous le procurer en format papier, nous en avons imprimé quelques exemplaires[2].

Quelques extraits pour, je l’espère, vous donner envie d’en lire davantage !

Chemin faisant nous avons en effet découvert que notre réflexion collective était un formidable accélérateur de nos propres transformations personnelles. Penser la citoyenneté entreprenante nous a amené à agir en citoyens entreprenants.

On rejoint un réseau, on n’adhère pas à une cause. On parle pour cela de « liens élastiques ». Les participants aux Ateliers ont en effet une relation très particulière à l’association. On y vient, on en repart, on y revient, au gré des mouvements de la vie, et particulièrement des changements dans l’activité professionnelle. Cette intensité variable de la présence conduit assez rarement à la rupture ; des personnes perdues de vue depuis des mois redonnent signe de vie de manière impromptue.

Progressivement s’invente donc une pratique du discernement citoyen peu formaliste mais avec des ingrédients suffisamment forts pour qu’ils soient immédiatement repérés par les nouveaux arrivants et adoptés avec plaisir. Il y a ainsi une forme d’évidence dans notre fonctionnement collectif apprécié de tous et donc protégé par chacun. Les régulations se font donc naturellement ce qui autorise une grande liberté d’expression.

Les ateliers qui fonctionnent le mieux sont ceux qui n’ont pas un objectif de « production » imaginé à l’avance mais ceux qui acceptent de remettre l’ouvrage sur le métier à chaque séance. (Je n’ai jamais connu de situation où cette maxime s’appliquait mieux qu’au sein d’un atelier). L’animateur est alors celui qui facilite les échanges, tente de créer des liens entre opinions et expériences, retient des pistes prometteuses pour une exploration future. Un atelier chemine, il progresse à son rythme, avec des temps d’exploration qui peuvent sembler erratiques et des temps de cristallisation.

Cette « proposition » s’est naturellement faite sur le mode de la gratuité. Double gratuité : pas de financement personnel, pas d’engagement. Beaucoup s’étonnaient de pouvoir disposer d’un tel lieu sans rien débourser, sans adhésion. La plupart étaient heureux de cette relation dégagé des questions matérielles, moi le premier ! Disons-le : c’était plutôt gratifiant de pouvoir offrir cette liberté. Mais tout cela avait un coût.

Le dernier rendez-vous des Ateliers a donc eu lieu samedi 7 mai 2011. La rencontre qui avait conduit à la fondation de l’association s’était tenue le 11 décembre 2001. Une aventure de près de 10 ans s’est donc achevée un jour de printemps ensoleillé et venteux, par un « débarquement » en bonne et due forme. Nous ne voulions pas d’une fin sans fin, d’un lent délitement. Nous avions envie d’un clap de fin.

Et pour conclure des extraits des témoignages. Et pour savoir qui dit quoi, il faut aller voir dans le document-mémoire !

Ce que j’aime tout particulièrement dans les Ateliers, c’est leur côté auberge espagnole. On y trouve ce que l’on y amène… Magique vraiment cette chose qui ne sait pas où elle va, ni comment, mais très bien en revanche ce qui la fait partir, avancer, créer.

La nuit de novembre s’était installée en cette fin d’après-midi. Quelques ombres, isolément ou en petits groupes, rejoignaient cette ancienne salle de cinéma reconvertie, dans cette rue à l’apparence d’impasse, et à vrai dire un peu coupe-gorge pour l’aspect… Mais comment se dérober à la gentillesse de l’accueillante, qui vous salue comme si votre présence était évidente, comme si vous vous connaissiez déjà ? En route donc pour ce débat. Surprenant. Une atmosphère de liberté.

Mon cheminement m’a fait m’éloigner de cette militance associative au sein de laquelle je menais des actions collectives depuis plusieurs années. J’en suis arrivée à ne plus me reconnaître dans cette culture, brandissant haut l’idéal d’égalité, si sûre d’elle-même et de la justesse de ses intentions. [Aux Ateliers], cette parole circulante qui caracole hors des rails souffle un air d’une incroyable liberté, ce doit être ça, penser ensemble.

Alors que la politique agit par le haut et par la force (la loi, le règlement, l’interdit …) nous agissons par le bas et le modeste.

Etant la benjamine du groupe, j’ai était particulièrement marquée par l’écoute que m’ont accordée les plus expérimentés. Prendre conscience que mon vécu pouvait être digne d’intérêt et, ensuite, que me soit de ce fait accordée une légitimité à m’exprimer, représente une expérience fondatrice pour moi. Cela m’a permis de renforcer ma confiance en moi.

Livret Ateliers de la citoyenneté
Cliquer pour télécharger le document (pdf 2,4Mo)…

[1] Ateliers de discernement, Initiales, Instantanés, Arrêts sur écrit, Samedi matin, Cafés Media, Kfés métiers, Bourses des envies d’agir, Jeux de piste citoyens.

[2] merci d’envoyer une participation aux frais de mise en page, d’impression et d’envoi de 10 € à l’ordre d’IOP-STD, l’association qui a pris le relais des Ateliers, 17 rue Richan 69004 Lyon.

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Auteur/autrice : Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY

Je continue à penser que l’écriture m’aide à comprendre et à imaginer.

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