Galets

Lorsque je marche sur une plage, l’hiver, je ne peux m’empêcher de ramasser des galets. Suivant l’inspiration du moment, je m’intéresserai aux galets noirs avec de fines rayures blanches, aux galets les plus parfaitement sphériques, aux galets de verre, tessons de bouteille longuement polis par la mer… Sur le moment ces galets amoureusement sélectionnés sont les plus beaux de la plage… sans qu’un œil tiers puisse voir véritablement pourquoi ceux-ci ont été élus alors que tous les autres sont restés indifférenciés sur le sable. Je vois Internet un peu de la même façon. Tout à coup, au fil des lectures, un texte m’attire, me donne envie de le mettre de côté. Pourquoi celui-ci? Il n’est pas exceptionnel, simplement, à ce moment-là, il me parle. Le texte ci-dessous parle aussi de galets. Il m’a fait voir en quoi ces galets piochés au hasard d’internet pouvaient avoir du sens pour d’autres. Ce sera le premier « galet » de ce blog.

Extrait du blog d’Olivier Lapierre qui parle aussi de galets agriculture-positive.over-blog.com

Je vais essayer de vous raconter une parabole que Monsieur Edgard Pisani m’a racontée un jour. Elle symbolise pour moi ce que peut être l’esprit de ce blog. Chacun, avec sa vérité, son honnêteté est susceptible d’apporter sa pierre à l’édifice.

Il s’agit de l’histoire d’un sociologue (ou autre) qui séjourne pour son travail dans un village africain. Il y a acquis l’estime des habitants et est invité, un jour, à participer à une réunion des sages. Il s’assied donc avec les autres sous un arbre et le chef commence à passer la parole à un des participants. Celui-ci développe un sujet. Un autre à la suite fait la même chose sur un autre sujet. Quand la parole arrive à notre sociologue, il commence par revenir sur ce qu’on dit ses prédécesseurs. « Vous avez dit que … mais en réalité mois je pense que …. Vous prétendez cela … , sur ce point je ne suis pas d’accord ». Les discussions continuent d’autres participants parlent de choses et d’autre. Celles qui leur tiennent à cœur. La parole tourne et chacun, à son tour, peut reparler de choses qui l’intéressent sans chercher à réagir directement à ce qu’on dit les autres participants. Par contre, chaque fois que la parole arrive à notre sociologue, il repart sur le mode de la « réaction à ce qui vient d’être dit ». La réunion s’achève et le chef demande au sociologue de rester cinq minutes. Il lui explique gentiment qu’il n’a pas compris le mode de fonctionnement de ce genre de réunion et lui dit « nos discours sont une peu comme les galets d’une rivière. Ils ont chacun leur forme et leur autonomie. Mais à force d’être roulés ensemble parles flots, ils finissent par s’arrondir et à devenir très compatibles les uns envers les autres ».

Modeste, l’auteur du blog précise que l’histoire est beaucoup mieux racontée quand elle l’est par l’auteur de « Le vieil homme et la terre ».

J’ai aimé cette idée que nos paroles sont comme des galets, qu’elles doivent vivre ensemble, se frotter les unes aux autres sans chercher plus loin. Que le simple fait de penser ensemble conduit à rendre les pensées compatibles.

Voilà donc pourquoi j’ai intitulé « galets » cette rubrique sur mes découvertes au travers d’Internet : des galets que l’on choisit sur la plage par une élection toute relative ; des galets que l’on roule ensemble et qui produisent, insensiblement, de la pensée partagée