Revenant de vacances, mon point d’entrée (très partiel !) dans ce sujet m’est dicté par notre rapport ambigu à la notion de « maison de famille » où des générations de cousins se retrouvaient chaque année à la campagne ou à la mer et se créaient des souvenirs pour la vie. J’ai la chance de bénéficier d’une telle maison sans en être propriétaire. On voit bien à quel point posséder ce genre de maison est devenu un fardeau pour beaucoup (à la fois devoir moral de « continuer », charge financière difficile à assumer, inadaptation aux envies de découverte de nouveaux lieux…). Les maisons secondaires n’ont d’ailleurs plus la cote et beaucoup préfèrent multiplier les courts séjours dans des lieux présumés paradisiaques ou au moins exotiques dont on peut parler ensuite dans les conversations de retour de vacances (ça évite le peu valorisant : « comme d’habitude dans notre maison de famille en Charente »)
Même en ayant le goût des maisons de famille et en ayant vu à quel point ça contribue à structurer l’imaginaire des enfants (ah ! les chasses aux trésors des Grands Moulins !), je ne suis pas sûr que cette forme de propriété ait encore du sens. Les approches du développement durable et de l’économie de fonctionnalité nous incitent à passer d’une logique de propriété à une logique d’usage, on le voit dans de nombreux domaines, du tourisme à l’automobile. Pour les lieux de vie, ça reste encore binaire : ou tu es propriétaire ou tu es locataire. La vogue (limitée) de la multipropriété à la mer ou à la montagne a conduit à bien des désillusions. Alors on en reste là ?
Pour m’abstraire des affres de la propriété paralysante, j’ai souvent imaginé (sans aller jusqu’à tenter de le mettre en œuvre) des dispositifs d’accès à une forme de droit d’usage à négocier avec des propriétaires. Continuer la lecture de « Inventer de nouvelles formes de propriété ? »