J’entendais Alain Juppé ce matin sur France Culture et j’étais frappé de la convergence de vues possible entre droite et gauche sur la nécessaire transformation de notre pratique démocratique. Il me semble que le temps des sarcasmes contre la démocratie participative de Ségolène Royal est révolu. Juppé parlait de « démocratie permanente », évoquant l’attente des citoyens d’être davantage associés aux choix politiques. Il confiait que ça lui semblait plus facile, et même indispensable, au plan local. (je n’ai pas entendu la fin de son propos ayant un train à prendre, je ne sais donc pas s’il envisageait aussi cette démocratie permanente au plan national !)
J’étais hier relancé par quelqu’un que je ne prendrais pas pour un farfelu, expert du développement économique, reconnu dans le milieu consulaire, sur la question du … tirage au sort. Il avait vu sur Internet une émission de la Chaîne parlementaire (LCP-AN) au cours de laquelle j’avais exposé mon plaidoyer pour cette pratique démocratique antique (et vive les allitérations en tique !). De même, il y a quelques mois, Alain de Vulpian, le fondateur de Sociovision-Cofremca, me disait que l’idée, qu’il jugeait hors de propos quand je la lui avais exposée, lui semblait aujourd’hui en phase avec les attentes du moment.
La première fois que j’avais évoqué cette idée, c’était avec Didier Livio qui me demandait quelle « graine de changement » je préconiserais pour faire muter notre société. Didier avait tout de suite été enthousiaste… mais l’accueil avait été plutôt houleux lors d’une rencontre de rénovateurs politiques « libéraux sociaux » pourtant a priori favorables à l’innovation démocratique. En marge de mes activités aux Ateliers de la Citoyenneté, j’ai continué à creuser cette piste mais sans jamais en faire un combat militant. Ça avait juste intéressé Lyon Capitale, le magazine tendance à Lyon à l’époque, et aussi …. Etienne Chouard, le porteur, sur la toile, du Non au référendum sur la Constitution européenne, avec qui j’ai eu de longues discussions passionnées. C’est ainsi que le texte de « politique-fiction » que j’avais rédigée n’a été publié que sur son site. Vous trouverez ici ce que j’ai écrit … il y a donc 7 ou 8 ans. On parlait déjà de retraites et j’avais imaginé un débat parlementaire sur cette question avec des députés tirés au sort ! J’avais aussi imaginé, comme conséquence, la réinvention de la fête du 14 juillet, date choisie pour le tirage au sort…
Ce long paragraphe pour dire que je n’ai pas été un promoteur zélé, contrairement à Etienne Chouard, de l’idée de tirage au sort… alors même qu’intellectuellement elle me parait toujours la plus porteuse d’une transformation radicale de notre pratique démocratique. Alors est-il temps de relancer le débat sur le tirage au sort des députés ? Peut-être que le moment s’y prête. Peut-être que c’est le moyen de faire comprendre l’idée plus générale d’ « empowerment des citoyens » sur laquelle je suis en train de monter un groupe de réflexion avec le sociologue Philippe Bernoux (NB / bientôt un post sur le sujet !). La rencontre de SoL sur la gouvernance du 16 mai dernier, en réunissant des gens aussi différents autour de la question la prise de pouvoir par la société civile montre bien également que cette question sort des cercles où elle est restée confinée.
Le tirage au sort peut-il être le point de cristallisation d’un large mouvement en faveur d’une réappropriation démocratique du pouvoir ? J’aurais envie d’y croire.