Les chemins

Je me suis toujours intéressé à la politique, plus exactement à l’action publique. Je m’y intéresse plus comme observateur engagé que comme acteur direct.

Cela n’a pas empêché ma collaboratrice – lorsque j’animais les Ateliers de la Citoyenneté – de m’avoir décrit auprès d’amis lui demandant ce que je faisais comme étant un « homme politique » ! Mon métier de consultant fait évidemment que je contribue à la conception et à la mise en place de politiques publiques. Mais elle faisait plus référence, je crois, à l’activité des Ateliers, dont la vocation était de redonner aux citoyens le goût de se considérer comme tels en redécouvrant qu’ils pouvaient faire œuvre de discernement collectif et de capacité d’initiative au service de la cité.
Mon chemin est là, dans cette conviction profonde qu’une citoyenneté « entreprenante » peut contribuer à redonner du sens à la politique, que les citoyens peuvent, dans certaines conditions, reprendre leur destin en main. Ce qui m’intéresse, c’est de débroussailler ce chemin trop peu emprunté et donc tellement envahi de ronces qu’on ne discerne qu’à peine. Il est pourtant – potentiellement – là, à condition que des passants veuillent l’emprunter.

Dans cette rubrique, je veux rassembler idées et initiatives qui montrent qu’un chemin est possible pour donner à la démocratie plus de réalité qu’elle n’en a en ces temps de désenchantement démocratique. Ce chemin n’est pas programmatique,  il est essentiellement tourné vers la méthode. Je m’intéresse plus au COMMENT qu’au QUOI, car c’est le comment qui importe avant tout dans une optique de transformation. Par exemple pour moi le problème de l’école n’est pas de savoir QUOI enseigner mais COMMENT enseigner.

Nous essaierons de voir sur quelles bases asseoir la révolution démocratique indispensable. Deux mots-clés nous serviront de fil rouge : « citoyenneté entreprenante » et « démocratie sociétale ».

Le terme de citoyenneté entreprenante fait référence au fait que non seulement la démocratie a besoin de citoyens actifs mais que ceux-ci doivent être en mesure de prendre l’initiative pour résoudre les dysfonctionnement qu’ils constatent autour d’eux, en matière de déplacements, de sécurité, de logement… C’est avant tout un pari sur l’Homme. Nous ne croyons pas à une humanité vouée au repli et à l’indifférence à l’autre. En disant cela, nous ne versons pas dans l’idéalisme, nous pensons au contraire avoir une vision claire de ce que sont les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Ils ne sont pas idéalement altruistes mais bien à la recherche de leur bonheur personnel. Mais ce bonheur ils savent intuitivement qu’ils ne peuvent l’atteindre seuls. Ils ont besoin d’être reliés aux autres.

La notion de démocratie sociétale explore une voie nouvelle pour créer un monde commun avec tous les acteurs qui doivent le composer, y compris les entreprises, ces acteurs majeurs de nos sociétés contemporaines qu’on prend pourtant rarement en compte dans le débat sur notre organisation démocratique. Il nous faut inventer la démocratie des sociétés à multi-appartenance dans lesquelles nous vivons désormais. Dans ces sociétés, nous devons trouver les moyens d’être citoyens dans la nation toujours prioritairement mais aussi, dans la ville et dans le monde et encore dans l’entreprise.