Généreux

Encore un mot déplié, déployé au-delà de son sens immédiat pour mieux comprendre ce à quoi il nous invite vraiment ! Un mot à ne pas réserver au temps de Noël dans lequel nous entrons…
NB/ mes excuses aux inscrits des derniers mois, je n’utilisais pas la bonne liste de diffusion … bienvenue donc sur mon blog

fleurs-desert-atacama-3_580xhAprès le « nightmare » écrit lors de la victoire de Trump, un commentaire de Catherine J. nous incitait à construire un monde plus généreux. J’avais dit que j’y reviendrais.
Généreux, au départ, veut dire capable d’engendrer. La générosité et la capacité à donner la vie sont donc intimement liées. On le comprend parfaitement avec l’expression : un sol généreux. Même un désert (cf. photo du désert d’Atacama) peut se révéler étonnamment généreux ! Généreux, c’est aussi, dans ses premiers usages, la noblesse et la vaillance : les âmes généreuses. Et comment ne pas trouver intéressant, un adjectif qui qualifie aussi bien un vin qu’une poitrine ! Avant tout la générosité, c’est cette capacité à donner au-delà de ce qui est dû, de ce qui est prévu. La générosité n’est pour autant pas la prodigalité, l’art de jeter l’argent par les fenêtres. Si je devais le traduire en termes économico-philosophiques, je dirais : c’est investir dans la vie. « Donnez et l’on vous donnera », dit l’Evangile. Notre monde trop souvent recroquevillé dans le chacun pour soi et la rentabilité à courte vue n’investit plus suffisamment dans la vie. Cela supposerait plus d’audace et de confiance. Oui, la vie valeureuse et la générosité sont intimement liées. L’étymologie encore une fois nous aide à voir ce que nous ne voyons plus.

Candidat

Un simple mot d’actualité dont l’étymologie permet des rapprochements intéressants, entre incandescence et candeur !

animEclatPour dire la couleur blanche, le latin avait deux mots albus et candidus. L’aube au blanc laiteux vient d’albus. Le candidat vient de candidus, le blanc étincelant des toges des candidats aux fonctions électives de la République romaine. A noter notre mot blanc ne vient pas du latin, mais comme candidus il désigne d’abord le blanc éclatant, du haut-allemand blank, l’éclat métallique des armes… blanches.

Donc un candidat est avant tout un homme en blanc, un homme qui brille pour se faire remarquer au milieu de la grisaille ambiante. Comme le signalait Alain Rey, candere, le verbe, signifie à la fois briller et brûler (incandescence). Tout candidat ne rêve-t-il pas ainsi de « mettre le feu », d’enflammer les foules ?

Candidus est resté en français sous les termes de candeur et de candide a priori bien loin de l’impitoyable arène politique. Pourtant, ne doit pas voir une dose de candeur chez ceux qui tentent leur chance comme candidat, quand les candidatures se multiplient à l’infini, des primaires aux élections et qu’ils parviennent néanmoins à se persuader qu’ils sont l’homme ou la femme providentiel ?

En fait je crois que la toge du candidat est comme la tunique de Nessus, une fois enfilée, on ne peut plus s’en défaire, elle vous consume. Finalement le candidat n’est-il pas tout autant brûlé que brillant ?

 

 

La France catholique et l’évêque de Normandie

La « France catholique touchée au cœur » disent médias et politiques en boucle… Vraiment ??

Les terroristes ont gagné. L’emballement politico-médiatique est total. Plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. L’écart n’a jamais été aussi grand entre les faits et leur écho. Qui aurait imaginé que l’assassinat d’un vieux prêtre dans une petite paroisse périurbaine ferait un jour l’objet d’éditions spéciales de tous les journaux télévisés et provoquerait le déplacement immédiat du président de la République et du ministre de l’Intérieur ? « La France catholique est touchée au cœur » disaient en boucle les journaux radio et télé. Le président lui-même reprenait cette expression de « France catholique ». La soif de symbolique pousse à des généralités profondément absurdes. Plus personne ne parle de « France catholique » parmi les chrétiens ! Nous parlons seulement de l’Eglise en France. En France et non « de France », pour bien montrer que l’Eglise ne s’approprie pas les Nations mais qu’elle ne s’y réduit pas non plus. L’Eglise est universelle (c’est d’ailleurs ce que signifie le terme de catholique). La « France catholique » sonne à mes oreilles comme un vieux rappel de ce que fut la chrétienté. Une page d’histoire à jamais vieillie… et dangereuse à faire revivre. Avec ce terme je me sens ramené à une identité que je refuse absolument : franco-catholique. Je suis français et catholique. Le ET est essentiel !! car j’y ajoute beaucoup d’autres ET pour construire mon identité, volontairement multiple. Je suis aussi mari, père, fils, consultant, blogueur,…

Il n’y a pas de France catholique comme il n’y a pas non plus d’évêque de Normandie ! François Hollande, devant les caméras, pour bien montrer toute l’importance qu’il accordait à l’événement, annonçait que dès ce soir il recevrait « l’évêque de Normandie ». On avait bien vu dans ses yeux l’hésitation au moment de dire de quel évêque il s’agissait. Rappelons qu’on est évêque d’un diocèse et que la carte des diocèses correspond à peu près à celle des départements. De plus la coutume veut qu’on désigne l’évêque par le nom de la ville où siège l’évêché et nom par le nom du département et encore moins de la région. On dit l’évêque d’Angoulême et non l’évêque de Charente ou, plus bizarre encore, de Nouvelle Aquitaine ! Une erreur anodine ? Oui, assurément si elle est isolée. Mais on ne peut pas parler en même temps de « France catholique » et d’ « évêque de Normandie ». Parler d’évêque de Normandie c’est montrer en réalité qu’il n’y a pas de France catholique puisque le représentant de la France ne sait pas comment se nomment les évêques ! Cette manière de parler de l’évêque laisse voir que le président n’est pas catholique ni même de culture catholique. C’est pour lui un univers étranger. Alors l’association des termes France et catholique apparait dès lors pour ce qu’elle est : une manipulation symbolique. Le terme sera peut-être jugé outrancier mais comment nommer cet assemblage des symboles ? Les symboles ne sont pas anodins, ils sont au contraire terriblement actifs en ce moment. Il n’est donc pas nécessaire de les manipuler au sens premier du terme. En chimie au lycée, nous étions mis en garde face au risque d’explosion quand on mettait en contact deux substances a priori chacune anodine. Il y a des associations explosives de mots. J’aimerais bien qu’on ne joue pas à l’apprenti chimiste au sommet de l’Etat et dans les journaux télé.

Hélas, parce que les terroristes ont déjà gagné, chaque acte criminel est traité sur le mode de l’hyperbole symbolique. A Nice ne s’est pas attaqué à des promeneurs mais à la fête nationale. En novembre cela avait été « l’esprit français », et en janvier « la liberté d’expression ». On ne pouvait pas simplement dire qu’un vieux prêtre venait être victime d’un crime odieux déguisé en acte terroriste. Je lisais l’autre jour qu’il fallait arrêter de nommer ces assassins pour éviter de leur donner la gloire posthume à laquelle ils aspirent. Je crois qu’il faut aussi que nous cessions de manipuler des symboles en restant dans la vérité absurde et triviale des faits.

Un vieux prêtre de 86 ans s’est fait égorger ce matin alors qu’il disait la messe devant quelques rares fidèles parce que nous sommes tous pris dans une spirale folle qu’il nous faut absolument rompre en revenant à la vérité des faits.

Voilà ce que j’aurais aimé entendre ce midi dans la bouche du président.

 

 

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