Bien sûr, il faut y revenir. Mais comment ? J’ai essayé plusieurs angles : la question des « mâles blancs » et cette délégitimation de la possibilité d’agir si on n’est pas soi-même directement concerné (et donc, si on comprend bien, non-blanc et non-mâle) ; le ton employé par le président qui donne à ses interlocuteurs le sentiment qu’ils sont incompétents et que seule son approche à lui est la bonne, ramenant toute autre méthode à un archaïsme (avant sa naissance) ; les contradictions du président qui demande un plan et le récuse dès qu’il le reçoit mais en reprenant sa philosophie de co-construction et de mobilisation de la société civile tout en niant qu’elle soit présente dans le rapport.
Délégitimation, mépris, confusion, beaucoup de colères se sont exprimées sur ces trois aspects de l’intervention présidentielle… et j’avoue que je ne suis pas loin de les partager. Mais alors on tombe vite dans l’affrontement stérile et on se met soi-même à caricaturer… ce qu’on reproche justement au président d’avoir fait. Il me semble important de ne pas entrer dans la spirale de délégitimation qui ne produira que de la rancœur et une incapacité à agir ensemble alors que la clé reste bien dans cette capacité à réunir une Nation autour des problèmes qu’elle a à résoudre.
J’ai donc voulu, malgré ma déception, revenir au texte même de l’intervention présidentielle, telle qu’elle a été retranscrite sur le site de l’Elysée. Apparemment improvisé sur la base de notes, il tourne néanmoins autour de 3 axes : une politique des droits réels, une politique d’émancipation par l’école et la réussite économique, une politique pour « faire République ». Même si le discours reste brouillon, même si ce n’est pas ce que j’aurais espéré en termes de moyens, même si je trouve Borloo très optimiste quand il dit que tout a été coché, force est de constater qu’il y a bien une philosophie de l’action qui est affirmée et qui va au-delà d’un simple appel à l’émancipation individuelle auquel certains veulent réduire le propos présidentiel et que la mobilisation de la société civile n’est pas conçue comme une simple défausse de l’Etat.
Déconstruisons pas à pas les principaux sujets d’exaspération et de critique, en tentant de dépasser les désastreuses premières impressions. Continuer la lecture de « Au-delà des mâles blancs »