L’hypotypose est une description qui a pour but de saisir son lecteur par un effet d’évidence. On est plongé dans la réalité décrite sans plus aucune distance narrative. L’auteur disparaît. On ne lit plus : on vit, on éprouve !
Racine est souvent cité pour avoir produit les plus belles hypotyposes et c’est naturellement dans sa biographie, romancée par Nathalie Azoulai – Titus n’aimait pas Bérénice – que j’ai découvert le mot. Avec une nouvelle occurrence quelques jours plus tard dans un documentaire consacré à Macron à propos de son discours à l’enterrement de Johnny Halliday !
Le mot me poursuit, j’en cherche donc l’actualité dans une époque où l’image triomphe. Ce n’est sans doute pas un hasard si notre temps, où tout est montré sans filtre, est à ce point en panne d’un imaginaire permettant de se figurer l’avenir… Tout voir nous sature d’images et nous empêche de voir au-delà de l’immédiatement accessible. La force du récit écrit ou oral c’est qu’il nous pousse à voir, sans rien sous les yeux. A l’heure des capteurs d’images rendus omniprésents par nos portables, il est sans doute temps de retrouver la force incroyable des hypotyposes pour réactiver nos imaginaires. Vive les mots!
Bonjour Hervé, dans la même veine me semble-t-il, il y a cet ouvrage de Jérôme Baschet qui évoque le « présentisme » et la tyrannie du temps, qui nous empêche de laisser grandir nos imaginaires….
http://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-D__faire_la_tyrannie_du_pr__sent-9782707197344.html
Bonjour et merci pour cette belle énergie qui sourde dans ce billet.
Sans doute avez-vous lu ces articles de Yves Le Bozec dans L’Information grammaticale :
https://www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_2002_num_92_1_3271
https://www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_2004_num_100_1_2585
Pour ma part, je crois que c’est bien dans l’imitation que se trouve, se retrouve, l’actualité immuable de ce mot.
Hervé
je t’invite à lire à ce sujet le dernier chapitre (« puissance technologique… ») du livre de Fabrice Hadjadj
“Puisque tout est en voie de destruction – Réflexions sur la fin de la culture et de la modernité »
Ed. Essais Points poche 7,80 EUR
propos clairs et décapants, extrait (page 178) : La pauvreté évangélique nous entraîne là où aucune puissance technologique ne peut arriver : dans l’aventure du face à face. Or, c’est cela que refuse à priori la sphère du virtuel et la logistique de la puissance.
Bonne promenade vers une des librairies de la presqu’ile…
Si l’on peut encore ajouter à la liste des livres : http://www.champ-vallon.com/yannick-rumpala-hors-des-decombres-du-monde/