Face aux larmes

Un peu particulier pour un texte de rentrée où l’on est censé être plein d’allant, ressourcé, optimiste… Je le suis, et pourtant j’ai eu besoin de partager cette alerte que je sens monter fortement. Comme sur la larme de pierre de cette photo, je crains que les larmes qui montent ne sèchent pas d’un revers de main

Face aux larmes
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Un mercredi après-midi sous les platanes d’une place d’Arles pendant le festival Agir pour le Vivant. La canicule est poisseuse, épuisante et pourtant nous sommes une dizaine à nous être réunis pour « faire le plein » à la station-service dont je suis le pompiste bénévole. Pas de pompes à essence, pas non plus de bornes de recharges, simplement 8 femmes et deux hommes réunis par l’envie de découvrir une manière de recharger ses propres batteries … en énergie citoyenne. Le principe est simplissime : nous avons tous quelque chose à partager qui peut aider ceux qui l’entendent à repartir renforcés de quelques idées, pratiques, expériences, lectures… de tout ce que les unes et les autres auront accepté de confier au cours d’un tour de parole.

Chacun.e se lance à son tour. On hésite un peu : « Je ne sais pas si c’est bien le sujet… ». J’essaie de rassurer en disant qu’on ne peut pas être hors sujet quand on évoque sincèrement un vécu personnel régénérateur. Les vacances sont encore proches, des expériences se partagent spontanément : woofing dans plusieurs fermes pour multiplier les découvertes, activités joyeuses de l’Espace des possibles, bains dans les eaux glaciales d’un lac de montagne… Nous faisons aussi notre moisson de lectures inspirantes ou de rencontres décalées. Certaines partagent simplement, et ça fait du bien, leur enthousiasme, l’une pour un chihuahua ( !), l’autre pour les athlètes du championnat du monde sans une once de chauvinisme ! Continuer la lecture de « Face aux larmes »

Transition, réussir une mobilisation d’une ampleur inédite !!

La transition, c’est un grand dérangement !! On ne la réussira pas sans bousculer nos vies trop rangées. Je propose cinq ingrédients radicaux pour sortir des chemins balisés et embarquer très largement la société. Nous avons autant besoin d’une révolution culturelle que d’une transformation profonde des pratiques politiques.

Transition, réussir une mobilisation d’une ampleur inédite !!
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Et si nos gouvernants cessaient de vouloir faire la transition « sans nous déranger » ? Et s’ils prenaient la mesure des impasses auxquelles aboutissent toutes les démarches qui cherchent à nous exonérer, nous les citoyens de ce pays, de toute implication réelle et concrète ? Nous avons compris avant eux que la transition ne pouvait pas se produire sans effets majeurs sur nos vies. Il ne suffit pas de promettre qu’elle sera juste comme si cette justice pouvait nous être accordée par la bienveillance de dirigeants compatissants.

Dire que nous aurons à prendre notre juste part aux côtés des pouvoirs publics et des entreprises comme le dit le rapport Pisany-Ferry Mahfouz ne tient pas compte du fait que nous allons devoir réorganiser nos vies et pas seulement contribuer financièrement. L’Etat peut baisser ou augmenter des impôts de manière plus ou moins juste mais quelle signification aurait une justice octroyée en matière d’habitat, de déplacements, d’alimentation ? Il est possible de penser une transition juste mais à la condition que nous soyons nous-mêmes engagés dans la transformation de nos manières de nous nourrir, de choisir et d’aménager nos logements, de réorganiser nos déplacement domicile-travail, nos voyages et nos loisirs. De tels bouleversements ne peuvent s’imaginer sur le simple registre des investissements, des efforts partagés et de la justice distributive. L’impasse assumée du rapport Pisany-Ferry Mahfouz sur la sobriété est significative d’une approche financière de la transition, résumée par l’expression « il faut remplacer de l’énergie fossile par du capital ». Je serais d’accord si le capital envisagé intégrait une forme de « capital humain » faite d’intelligence collective et d’inventivité. Il n’en est rien à ce stade. Et la justice préconisée par Pisany-Ferry, via la dette et la fiscalité exceptionnelle sur les plus grandes fortunes est rejetée sans débat. Continuer la lecture de « Transition, réussir une mobilisation d’une ampleur inédite !! »

Soupçonner du meilleur

Je ne suis évidemment pas le seul à me laisser aller, par moment, à une forme de désespérance en lisant la presse. Ce coin de trottoir photographié hier à la Croix-Rousse a nourri chez moi un cheminement anti-déprime que j’ai eu envie de partager.

Soupçonner du meilleur
photo HCD-trottoir de Lyon

La lecture du Monde hier matin a une fois de plus suscité mon interrogation. Vers quel monde nous dirigeons-nous ? Suivant que je lisais l’article sur les incendies de l’Alberta ou sur le falé du Sénégal, je ne voyais pas le même avenir. En Alberta, les habitants interrogés refusaient obstinément d’envisager un lien quelconque entre l’exploitation des schistes bitumineux et les feux de forêts. Le lien schistes-incendies n’est bien sûr pas direct, mais le nier par principe montre à quel point renoncer aux revenus d’une ressource abondante est quasi-impossible, même si on est confronté très directement aux dégâts du bouleversement climatique. Le cours de choses semble devoir rester inchangé, dans une indifférence désespérante. Tendance inverse près du Siné Saloum au sud-est de Dakar, où on assiste très, très modestement, au refus enthousiasmant d’une histoire déjà écrite : celle de la disparition du tissage du coton. Un tissu traditionnel, le falé, et les communautés de femmes qui en vivent pourraient être sauvées par une jeune designer franco-sénégalaise.

On sait très bien que ces deux histoires pourraient être contredites l’une et l’autre par des exemples opposés, dans les mêmes pays : il y a bien sûr des militants écologiques en Alberta qui tentent de s’opposer à la poursuite de l’exploitation du pétrole ; il y a au Sénégal, des fabricants de tissu qui ignorent complètement les techniques traditionnelles et s’approvisionnent en Asie. Les exemples, dans un sens ou dans un autre, ne donnent à imaginer que des mondes possibles, sans certitude sur ce qui l’emportera des conservatismes mortifères ou des renouveaux forcément fragiles. Mais force est de reconnaître que l’actualité récente nous abreuve essentiellement d’histoires accablantes qui laissent peu d’espoir pour l’avenir : les cancers des doigts provoqués par le recours aux UV pour faire sécher des vernis à ongle que l’on renouvèle constamment sous la pression des réseaux sociaux ; les files d’attente monstrueuses à l’ouverture d’un nouveau magasin de fast-fashion chinoise dans l’illusion terrible de faire de bonnes affaires. Deux exemples de ce « monde-impasse » qui détruit lui-même ses conditions d’existence. Mais est-ce le monde à venir ? Est-ce utile de s’y appesantir avec une forme de Schadenfreude, cette joie mauvaise, qui nous place du « bon » côté tout en nous désespérant de l’inconscience « des autres » ? Continuer la lecture de « Soupçonner du meilleur »

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