Heureusement la carte n’est pas le territoire (et encore moins les Français) !

La carte n’est pas le territoire… mais certains ont tendance à l’oublier, du moins si l’on considère la fascination que suscite les cartes électorales chez les éditorialistes et les fractures qu’elles sont supposées révéler ! Il est urgent de se sortir de la tête que la France est coupée en 2 si l’on veut trouver les moyens de la gouverner.

Les cartes électorales ont parlé et semblent sans appel : depuis le 23 avril, on aurait deux France que tout oppose ! La France ouverte des métropoles et la France repliée sur elle-même du périurbain et des bourgs ruraux. A force de vouloir clarifier les enjeux, les journalistes et les commentateurs finissent par dessiner un monde très éloigné des réalités vécues. Ils ne se rendent même pas compte qu’ils disent l’inverse de ce qu’ils disaient juste avant l’élection ! Il n’était alors question que de la fluidité de l’électorat qui pouvait passer d’un vote à un autre en fonction des circonstances ; on nous décrivait une France « coupée en 4 » (pas en 2). Et ce 4 était lui même très contestable, la gauche de gouvernement ne disparait pas définitivement avec l’éclipse du PS… En réalité, nous avons, en France, 5 forces équivalentes et non 2 ou 4 : droite populiste, droite républicaine, centrisme et écologisme, gauche de gouvernement et gauche protestataire. Les scores fluctuent évidemment mais elles ne disparaissent jamais totalement. Comme le dit Hervé Le Bras, « à ceux qui parlent de dissolution des partis, on peut opposer la recomposition ordonnée des électorats ». Il insiste : « l’électorat change moins vite que les états-majors ».

Par le miracle du scrutin majoritaire à deux tours, on oublie toute complexité et on croit retrouver enfin un clivage net, le vieux clivage gauche /droite étant subtilement remplacé par le clivage pro ou anti-mondialisation. Simple. Simplissime. Simpliste. Faux en fait. Et nuisible de surcroit, car on ne comprend plus rien à la diversité des opinions et à leur possible composition pour créer des majorités d’idées. On ne voit plus non plus les capacités de la société à agir ensemble, à prendre des initiatives sur des enjeux communs par-delà les différences d’opinions réelles mais jamais aussi exacerbées que la lecture actuelle de la cartographie électorale le laisse entendre.

Il est bon de rappeler quelques faits : Continuer la lecture de « Heureusement la carte n’est pas le territoire (et encore moins les Français) ! »

Bénéfices paradoxaux d’une campagne inédite

Ce n’est pas pour le plaisir de prendre le contrepied de ce qui se répète à l’envi (un peu tout de même) mais je trouve qu’on ne voit pas assez tout le bénéfice que nous allons pouvoir tirer collectivement de cette campagne présidentielle.
PS- Vous découvrez avec ce billet la nouvelle mise en page de Persopolitique, N’hésitez pas à me faire des retours, la forme compte !

Je vous livre 7 raisons de se réjouir d’une campagne qu’on ne cesse de dénigrer, souvent à juste titre. Toutes ou presque sont paradoxales… comme l’est la situation où nous sommes ! Je ne développe pas, nous pourrons le faire dans nos échanges pendant les quelques heures qui nous séparent encore de ce 23 avril tellement incertain que l’élection ressemble de plus en plus au tirage au sort.

  1. Le débordement des partis traditionnels, trop focalisés sur les jeux d’appareils. Ils viennent de perdre leur dernière justification, la capacité à structurer le débat et à sélectionner des majorités de gouvernement.  PS et LR vont devoir enfin se questionner sur leur fonction, sans s’abriter derrière de fausses innovations comme les Primaires.
  2. La volonté d’en finir avec l’exceptionnalité du statut des hommes politiques. Au-delà des questions judiciaires, c’est l’attitude même des hommes politiques qui va devoir changer. Nous ne supportons plus cette position en surplomb, cette assurance que l’onction électorale est un sauf-conduit évitant d’avoir des comptes à rendre.
  3. La montée en puissance des questions écologiques dans les programmes et la réduction de la question identitaire dans les débats. Bien sûr on a trop peu parlé des sujets de fond dans cette campagne mais malgré tout on a pu comprendre que les questions écologiques n’étaient plus l’affaire d’un parti dédié et délaissées par tous les autres. Même imparfait le débat a abordé des thèmes bien plus divers qu’en 2012 ou même 2007 quand la question de l’identité saturait l’espace public.
  4. La tentative de formes nouvelles de candidatures via les primaires et les Civic techs. Les Primaires ont eu un succès majeur mais paradoxal puisqu’elles ont abouti à désigner des candidats ayant moins de chance que d’autres candidats d’emporter l’élection… réelle. Les Primaires citoyennes imaginées sur Internet n’ont en revanche pas connu de succès populaire mais ont montré une autre voie, techniquement possible. Plus fondamentalement ces Civic tech, même incapables aujourd’hui de structurer le débat national, montrent, par leur foisonnement, qu’elles sont définitivement installées dans nos manières de faire de la politique.
  5. La réaffirmation du rôle du Parlement et des majorités à géométrie variable. Trop focalisés sur la Présidentielle, nous n’avons pas suffisamment perçu que ce qui se jouait avec l’effacement des partis majoritaires c’est le retour du Parlement au premier plan. C’est dans le dialogue avec un Parlement plus composite que le Président devra engager ses réformes. On a vu les limites du 49-3 pour gouverner. La politique, on va le redécouvrir est moins l’art de décider que de composer.
  6. La désacralisation de la présidentielle et la prise de conscience que « faire de la politique » ne passe pas nécessairement par l’élection. Cette année, les médias ont multiplié les occasions d’entendre directement la parole de « français ordinaires » et ce qui m’a frappé c’est la lucidité de beaucoup d’entre eux. Même si j’ai sans doute une oreille sélective, j’ai souvent entendu des femmes et des hommes exprimer leur envie d’engagement, au-delà de la seule élection, dans des actions concrètes qu’ils considéraient comme étant politiques. En tous cas, ils ne voyaient pas le futur Président comme un sauveur.
  7. Le doute et la nécessité de réfléchir par soi-même à l’opposé du vote d’adhésion. Jusqu’au dernier moment nous avons tous été obligés de réfléchir à notre vote tant les repères gauche/droite habituels et quasi-automatiques ne fonctionnent plus. Le « dis-moi qui tu es, je te dirais pour qui tu votes » ne marche plus. Quel bonheur !

 

 

 

 

 

Excuses : pourquoi elles n’ont pas de sens

Tout le monde a trouvé qu’il avait bien fait de s’excuser, je pense que Fillon a commis au contraire une erreur en s’excusant. Explications.

Comme je l’écrivais, François Fillon ne voit pas le problème que pose sa conduite. Sa décision de continuer est donc logique. Ce sont ses excuses qui ne le sont pas. Ces excuses n’ont ni réalité ni sens. Pourquoi s’excuser si c’est pour n’en tirer aucune conséquence ? les excuses conduisent normalement à changer de conduite et à réparer le mal qu’on a fait. S’il y a eu un abus moral d’une situation légale, on peut proposer un remboursement ou un dédommagement. Rien de tel ici. Pas de réelle reconnaissance d’avoir trop abondamment bénéficié des ressources de l’Etat. Pas davantage de reconnaissance que le travail fourni n’était peut-être pas pleinement celui qu’on attend couramment de collaborateurs parlementaires en circonscription. Au contraire l’affirmation d’un droit absolu au non contrôle au prétexte que le contrôle serait une remise en cause du principe de séparation des pouvoirs.
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