Exister

Peut-être pas encore rentrés, je vous propose déjà de sortir ! sortir pour exister.

Si vous trouvez qu’exister ressemble beaucoup à la sortie anglaise (exit), c’est normal ! Exister signifie sortir, se tenir hors au sens étymologique. François Jullien dans Dé-coïncidence, en revenant à cette origine, montre en quoi exister permet de « sortir de l’enlisement de la vie » quand tout coïncide parfaitement et qu’il n’y a plus de place pour l’inouï. Exister, c’est s’arracher à la coïncidence, à l’adéquation. C’est réintroduire du jeu, permettre la nouveauté.

La rentrée est souvent le moment où l’on reprend ses habitudes, son train-train. Le vide des vacances (en espérant que nous ayons laissé de la place à LA vacance – qui n’est pas la vacuité) est vite rempli par les to do lists. Si nous voulons ne pas exister par intermittence, le temps des vacances ou des weekends, nous devons « sortir » régulièrement. Et si, de manière impromptue, nous suivions l’invitation lumineuse des affichages blanc sur fond vert qui nous indiquent la sortie la plus proche ? L’exit pour exister !Aller puiser dans « de nouvelles ressources pour un nouveau possible ». Pas une fuite hors de la réalité donc, mais l’essor de la liberté.

Schadenfreude

Avant de partir pour quelques jours de vacances, une invitation à passer de la « joie triste » de la Schadenfreude à la « joie pure » d’un moment de radio, fugace et banal, mais étonnamment touchant

Face à la défaite de l’équipe de foot allemande au Mondial, Mélenchon avait envoyé deux tweets, pas moins ! D’abord pour parler de sa « joie pure », ensuite pour employer le mot allemand de Schadenfreude qui justement est tout sauf une joie pure puisque c’est la joie éprouvée en raison du malheur des autres. Nous n’avons pas de mot équivalent en français, peut-être parce qu’il nous est difficile de nous avouer que nous éprouvons cette joie impure. Nous aimerions croire que nous ne pratiquons que le bel esprit. Hélas la Schadenfreude trouve chez nous une forme ô combien populaire avec les humoristes médiatiques qui nous incitent à rire en permanence des travers, réels ou amplifiés à l’extrême, de ceux qui osent entrer dans l’arène médiatique. N’a-t-on pas quand même, à force de ricaner, l’impression désagréable de devenir méchant ou cynique ? Face à ce poison lent qui nous atteint tous, un bon antidote : un instant de  joie pure pour se laver l’esprit ou l’âme. Il y a quelques jours France Inter nous a offert cet instant de grâce, une gamine de 10 ans interviewée par Hervé Pauchon qui parlait de décontracter les épinards, qui disait merci à ses parents de lui avoir donné la vie et à son frère d’avoir prêté sa console, qui voulait être électricien comme son grand-père mais au bout d’une corde d’escalade. Un drôle d’accent, une assurance et une diction étonnante, une originalité rafraichissante… « Bluffante » comme le disait Nicolas Demorand, traduisant bien ce moment suspendu de joie pure, vraiment pure, celle-là.  

A écouter ou réécouter ici. ça fait du bien !

 

Platane

Que vient faire le platane dans un blog sur notre rapport à la démocratie ? Une récréation botanique ? Plutôt une re-création belle et tonique !

Sur nos avenues, nous n’en avons que la version mutilée aux moignons difformes mais, non taillé, c’est un arbre à l’ombre généreuse. Je viens de découvrir que ce sont les grecs qui ont donné son nom à cet arbre venu d’Asie qu’ils avaient adopté pour rafraîchir les places où ils se réunissaient. Et le plus beau, c’est que place et platane ont la même racine hellénistique signifiant large, étendu. Joëlle Zask[1], la philosophe à qui je dois cette découverte démontre magnifiquement que c’est cette « place au platane » qui constitue la véritable place démocratique, loin de l’idéale agora ou de la démonstrative place de la République. C’est la place qui permet la vie collective, l’initiative et la rencontre parce qu’elle est ouverte, irrégulière, accueillante aux activités les plus banales mais aussi aux discussions sans fin à l’ombre des platanes. Nous nous sommes trop habitués à ne voir la démocratie que dans sa forme solennelle et mathématique, le platane et la place qui se déploie alentour convoquent un imaginaire démocratique moins abstrait, plus attentif au commun, au bien vivre et à la concorde. En parlant de concorde, quelques platanes seraient les bienvenus sur l’esplanade inhospitalière de la place de la Concorde qui, en l’état, porte si mal son nom !

[1] Joëlle Zask, Quand la place devient publique, éditions Le Bord de l’eau, 2018

persopolitique.fr
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