Aznavour, un universel… particulier !

Ce papier m’a été inspiré par le télescopage à quelques minutes d’intervalle de deux hommages à Aznavour que je trouvais également vrais et apparemment contradictoires. S’en sont suivis des rapprochements hasardeux…

Rebecca Manzoni sur France Inter est sans doute la seule personne que j’aime écouter parler chanson à l’heure du petit déjeuner, alors que le sujet ne me passionne pas. Ce matin-là, bien sûr elle parle d’Aznavour, en commençant par une anecdote familiale pour bien ancrer son propos dans la vie, la vie du quotidien, celle des engueulades en voiture sur la route des vacances à propos des paroles d’une chanson d’Aznavour. Elle enchaîne en parlant d’une chanson de 1956 que je ne connaissais pas :

« Après l’amour », dont le début flamboyant laissait penser que la scène se déroulait dans une arène. Mais plus le morceau avançait, plus la pièce se rétrécissait jusqu’à zoomer sur un lit. […] Pourtant, Aznavour ne chante rien d’extraordinaire : des draps froissés, des corps lourds. Que du concret. Et c’était précisément ça, la révolution : parler de nos vies sans circonvolutions.

Ça fait déjà une journée entière que l’on déverse le flot de paroles convenues que l’on se croit obligé de proférer à chaque décès de célébrité mais là, je trouve que ça sonne juste. Alors, quand je déplie Le Monde au moment de partir prendre mon café et que je tombe sur l’appel de Une pour les pages d’hommage au chanteur, je suis d’abord agacé : « Charles Aznavour, l’universel ». Rien que ça ! Ils font dans le grandiloquent au Monde. Mais je chemine avec ça, en direction du café où j’ai mes habitudes : Aznavour entre quotidien et universel, me disant que ce n’est peut-être pas mal vu… si l’on joue avec l’oxymore de l’universel particulier. Continuer la lecture de « Aznavour, un universel… particulier ! »