Parfois une réflexion vient d’on ne sait où, mais on sent qu’elle a un potentiel. On a envie de la chasser pour pouvoir enfin s’endormir mais elle insiste. Alors on se lève en maugréant : une heure ou deux de perdues pour le sommeil. On a un fil. Un fil qu’on va tirer sans savoir où il va vous mener. On note une idée mais la suite vient dans le fait même d’écrire. Au bout d’un moment la pensée n’est plus préalable à l’écriture, elle est produite par l’écriture. Rien de tel quand on laisse sa pensée divaguer, en conduisant par exemple. Pas de cristallisation, pas d’enchaînement… pas de fil ! Oui je crois vraiment que je pense par écrit. Bien sûr, il faut relire, nuancer, réduire un développement, expliciter une phrase trop pleine de références à des choses non dites mais le fil est là solide même s’il est sinueux, épousant les méandres d’une réflexion en cours d’élaboration.
J’aime le terme de fil et ses multiples usages : le fil des dépêches, le fil du rasoir, le fil d’Ariane bien sûr, fragile sauvegarde lorsqu’aucun repère n’est disponible. Il y a aussi le fil du temps et des jours. Le fil c’est le lien invisible, improbable et têtu.
J’ai envie de partager quelques-uns des fils que je tire les nuits d’insomnie. Ils sont moins directement liés à la réflexion « persopolitique » que les textes des autres rubriques mais ils l’éclairent probablement d’une autre manière.