Lettre d’info n°1

PERSOPOLITIQUE est le nom du blog que j’ai commencé en 2010. Je l’ai testé pendant quelques mois avant de me décider à vous en informer. J’avais juste fait un mail le 14 juillet dernier pour avoir les premières réactions. Elles étaient encourageantes et j’ai donc continué…
Parce que plusieurs d’entre vous m’ont dit qu’ils regrettaient le temps de la lettre d’info des Ateliers, j’ai préféré vous proposer une lettre mensuelle plutôt qu’une alerte par mail à chaque fois que je publie un article.
La lettre d’info de PERSOPOLITIQUE vous propose ce mois-ci de faire le tour des mises en question du pouvoir politique, dans les pays arabes bien sûr mais aussi en Grande-Bretagne et en Belgique.
… et vous pouvez également faire votre propre moisson au travers des rubriques : galets, fils, mots, chemins !

Bonjour,

Persopolitique est le nom du blog que j’ai commencé en 2010 (pour connaître les raisons de ce titre voir Pourquoi Persopolitique ?). Je l’ai « testé » pendant quelques mois avant de me décider à vous en informer. J’avais juste fait un mail le 14 juillet dernier pour avoir les premières réactions. Elles étaient encourageantes et j’ai donc continué… même si l’activité professionnelle depuis septembre  m’a laissé moins de disponibilité que je l’aurais voulu. Depuis un mois, j’ai redéfini avec Didier LIVIO mon engagement à Synergence pour avoir plus de temps pour moi et donc pour écrire. Notons en passant que j’ai la chance de travailler avec quelqu’un qui comprend mon besoin d’autonomie !

Une lettre d’information plutôt qu’une alerte à chaque nouvel article

Parce que plusieurs d’entre vous m’ont dit qu’ils regrettaient le temps de la « lettre d’info des Ateliers », j’ai préféré vous proposer une lettre mensuelle plutôt qu’une alerte par mail à chaque fois que je publie un article. Un bon moyen de ne pas encombrer les messageries et surtout une possibilité de mettre des textes en perspective. Je vous ai donc intégré dans la liste de diffusion de cette nouvelle lettre d’info. Bien évidemment celles et ceux qui souhaiteraient ne pas la recevoir à l’avenir peuvent se désabonner en cliquant ci-dessous.

Les Ateliers de la Citoyenneté devraient avoir une belle fin!

Les Ateliers de la Citoyenneté cessent leur navigation. Et si on prenait le temps de débarquer ensemble ? Pour de vrai. Nous organisons en effet une dernière rencontre en partant en croisière sur le Rhône ! Ce sera le 7 mai. Merci d’envoyer un mail en retour pour dire si vous pensez pouvoir venir. Je serais vraiment heureux que nous nous retrouvions nombreux pour débarquer ensemble.

Le pouvoir politique partout mis en question

Les rapprochements sont peut-être un peu forcés mais la juxtaposition a sans doute du sens : Belgique, Grande-Bretagne, Pays arabes. C’est le sens même du pouvoir qui est en jeu.

Vacance du pouvoir : les Belges n’ont plus de gouvernement depuis des mois et s’en passent sans heurts. Un auteur belge en tire la conclusion que les gens peuvent se gouverner eux-mêmes, leçon que je partage tout comme Thierry Crouzet, le blogueur qui ne cesse de nous dire que nous n’avons pus besoin de gouvernements.

Contagion : un retour sur le mouvement démocratique qui secoue le monde arabe en s’intéressant au terme de « contagion » employé pour en parler dans les médias et en s’interrogeant du même coup sur notre propre rapport à la démocratie.

Big society, laboratoire anglais de la citoyenneté entreprenante : même si on vient d’apprendre que Liverpool, une des villes pilotes, se retirait de l’expérience en raison des coupes dans les budgets publics, la Grande-Bretagne teste à grande échelle … ce que les Ateliers ont imaginé.

Des invitations à penser autrement les rapports individu/collectif

En relisant les deux textes ci-dessous, je me rends compte qu’ils font un peu (trop?) intello mais j’ai quand même envie de partager mes coups de cœur sur des questions entre philosophie et sociologie.

Descartes a le Cogito patraque : le rationalisme cartésien n’a pas la cote en ce moment. Et s’il était temps d’inventer une formule en écho au cogito ergo sum ?

Etre ou avoir, changement de perspective : une invitation à penser autrement le rapport de l’individuel et du collectif. Bruno Latour nous fait redécouvrir la pensée à contre-courant de Gabriel Tarde. Ça fait du bien !

On peut encore lire  mes interrogations sur le cap de la cinquantaine. Eh, oui ! je l’ai franchi fin 2010. Je commence juste à m’y faire !

Vacance du pouvoir

En naviguant dans le foisonnement des tribunes du monde.fr, je suis tombé l’autre jour sur un papier réjouissant d’un auteur belge, Frank De Bondt, à propos de la « crise » belge. Il nous dit : « Au lieu de compatir aux malheurs de cette pauvre Belgique, ne serait-il pas plus judicieux de la donner en exemple à tous ceux qui en ont soupé des discours souverainistes, nationalistes et autoritaires ? […] La leçon donnée par la Belgique, s’il y en a une, est celle d’un pays capable de se conduire seul, où les citoyens ont appris à se gouverner comme des adultes responsables. N’est-ce pas l’objectif que devrait poursuivre toute démocratie ? »

Il s’amuse de voir que les Français semblent plus inquiets que les Belges de cette situation de vacance du pouvoir. Pour ceux qui croient à la politique, à l’importance des gouvernements, il est clair que la situation belge crée un malaise. On peut donc se passer d’un premier ministre de plein exercice.  La vacance du pouvoir en Belgique ne révèle-t-elle pas,  en creux ( !),   la vacuité du pouvoir politique des Etats ? Vacance, vacuité, vanité : trois mots pour parler du vide. Si l’Ecclésiaste affirme que tout est vanité, nous restons pourtant des « croyants » en matière politique. Sarkozy ou Obama, pour ne parler que de nos derniers emballements collectifs, devaient changer la politique. Malgré les grandes différences d’approche des deux hommes, leur volontarisme n’a pas résisté à la force des choses.

Thierry Crouzet, qui a beaucoup écrit sur la transformation du pouvoir à l’heure d’Internet, croit que « la solution ne peut plus venir d’un homme providentiel (ou d’une femme). Elle doit être distribuée entre une multitude d’individus. Il n’y a pas une idée miracle mais une multitude d’idées intéressantes et qui valent la peine d’être expérimentées. C’est la démerdocratie ». Le mot n’est pas génial parce qu’il laisse trop penser que ce sont les individus qui peuvent agir (se démerder) et que ça passe avant tout par internet. Pour autant l’essentiel est bien vu : n’attendons pas LA solution d’en haut, construisons DES solutions en nous reliant de proche en proche, en articulant rencontre locale et connexion à distance.

Vive la leçon belge ! Elle nous invite à nous gouverner nous-mêmes.

Contagion

Un retour sur le mouvement démocratique qui secoue le monde arabe en s’intéressant au terme de « contagion » employé pour en parler dans les médias et en s’interrogeant du même coup sur notre propre rapport à la démocratie.

J’évite en règle générale de commenter l’actualité sur laquelle je ne sais rien de plus que ce qui s’écrit ou se dit ici et là. Je n’aurais donc pas commenté les récents événements tunisiens (et maintenant égyptiens ?), s’il ne s’agissait pas tout simplement de notre rapport à la démocratie. Et puis un mot m’a frappé comme beaucoup de gens, celui de contagion pour parler de la possibilité  d’une extension du mouvement aux autres pays arabes. C’est ce fil que j’ai eu envie de tirer. Il nous amène à réfléchir à une toute autre contagion, réellement menaçante celle-là.

Même utilisé de façon métaphorique, le terme de contagion employé pour parler de la démocratie montre au mieux les réflexes hygiénistes de nos sociétés, au pire la manifestation d’une crainte pour tout ce qui vient déranger l’ordre immuable des choses dans un monde où l’on vante pourtant le changement permanent (en fait l’adaptation permanente des individus aux mutations imposées par les organisations). Sur le site de France-Culture, quelqu’un proposait d’autres mots que contagion : extension, transmission, élan. J’aime bien ELAN, ça me fait penser à Jacqueline de Romilly et à son « Elan des citoyens », l’association qu’elle avait soutenue justement pour que les citoyens se réapproprient la démocratie.

Sur le fond de l’affaire, je crois à la force d’entraînement de l’exemple tunisien, même si les obstacles à surmonter sont bien différents d’un pays à l’autre. Un ami, bon connaisseur des trois pays du Maghreb, doutait de la possibilité d’aboutir au même résultat qu’en Tunisie, même si la révolte pouvait gagner l’Algérie et le Maroc. Pour lui, l’enjeu du pétrole en Algérie ou la présence américaine au Maroc risquent  d’inciter la « communauté internationale » à préférer la stabilité de régimes amis, même peu démocratiques.

Rares sont les régimes, même soutenus de l’extérieur, qui parviennent à résister face à la pression de la rue quand le moment est venu. Rappelons-nous le jeu de dominos de l’Europe de l’Est. On oublie que « la chute du Mur » n’a pas été un événement instantané. Les pays se sont ouverts les uns après les autres et chacun se demandait si ça pouvait continuer, si l’Union soviétique allait laisser faire. On supputait de l’importance stratégique de la Pologne, de l’Allemagne de l’Est ou des Pays baltes. Ils ont tous franchi le Rubicon. L’élan était trop puissant pour être arrêté. En est-on là au Maghreb et plus largement dans le monde arabe ? J’ai tendance à le penser.

On s’est trop habitué à croire les régimes politiques quasi-immuables, et particulièrement les nôtres. C’est assez paradoxal de voir que notre civilisation accepte que tout bouge tout le temps sauf notre organisation politique, qui serait selon le mot agaçant de Churchill « le pire des régimes à l’exception de tous les autres ». Cette formule qu’on ne discute plus est pourtant triplement discutable. D’abord parce qu’elle fait preuve d’une fausse modestie : on ne prétend pas à l’excellence mais au « moins pire », or une arrogance qui ne s’assume pas est à mon avis pire que la forfanterie.  La formule ensuite disqualifie tous les autres régimes possibles : qui aurait en effet envie d’aller voir pire que le pire régime ? On n’est pas dans la concurrence mais bien dans la disqualification a priori. Il n’y a donc plus rien à penser, la démocratie devient un état de fait alors qu’on sait en réalité qu’elle est une construction jamais achevée. Enfin, même « à l’exception de tous les autres », on dit malgré tout que la démocratie est le pire des régimes. Trait d’humour anglais au départ, la formule à force d’être répétée, devient le signe du cynisme et de la suffisance des régimes installés dans une démocratie de confort, effectivement bien loin des élans qui animent aujourd’hui la rive sud de la Méditerranée.

Nous faisons trop comme si nos démocraties étaient exemplaires.  La liste serait pourtant longue de nos faux-semblants démocratiques, surtout si l’on regarde au-delà du régime politique proprement dit pour envisager les dynamiques sociales, notre capacité collective à construire du « vivre ensemble ».

Je crains donc une tout autre contagion que celle évoquée à propos de la Tunisie. Il ne me paraît pas impossible qu’on assiste à l’abandon progressif, dans les 15 ans qui viennent, du modèle démocratique dans les pays occidentaux. Nous l’avons en effet tellement dévitalisé qu’il risque de ne plus être défendu de l’intérieur. Les crises encore à venir (écologiques, sociales, géopolitiques tout autant que financières et économiques) vont continuer à saper la confiance dans un régime apparemment sans prise avec les réalités (ou pire qui semble s’accommoder de la désespérance d’une part sans cesse plus grande de la population).  Je me demande si l’attrait que la démocratie exerce encore sur les peuples asservis ne tient pas  de la persistance de la lumière des astres morts. Déjà la Chine se tourne vers le néo-confucianisme plutôt que vers la démocratie comme option pour sortir de la dictature communiste de marché.

Et si c’était chez nous qu’il fallait organiser la « contagion » du réveil tunisien ?

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