Oxymore : l’éloge du ET

Dans un pays aussi cartésien (?) que la France, la popularité fulgurante du terme « oxymore » est plutôt étonnante. L’oxymore, c’est l’alliance des contraires : l' »obscure clarté » évoquée par Corneille étant sans doute l’oxymore le plus cité. Pourquoi ce succès alors que nous préférons si souvent le OU au ET ?
C’est Dominique Fauconnier (Ateliers des métiers) qui le premier je crois m’avait amené à réfléchir sur cette modeste conjonction de coordination, moi qui me laissais si souvent séduire par le bonheur polémique de son frère ennemi, le Ou. Avec le OU je somme de choisir, avec le ET je tente de créer des alliances improbables.

J’ai tenté un moment de populariser un oxymore politique avec « volontarisme modeste« . Force est de constater que ça n’atteint pas les sommets de l’Etat ! Le titre même de ce blog peut aussi être vu comme un oxymore.

Certains commencent à s’insurger de cette mode langagière de l’oxymore qui introduirait de la confusion dans la pensée. Le risque existe que l’on s’en serve pour dire tout et le contraire de tout. Je préfère y voir une intégration, à dose homéopathique, de la culture asiatique. Ce n’est pas pour me déplaire.

la « sous-veillance », plus puissante que la surveillance ?

Alors qu’on s’inquiète beaucoup de la SURveillance rendue possible par les TIC, menaçant les libertés individuelles, on voit moins la montée en puissance de la SOUSveillance, cette capacité que donnnent les mêmes TIC aux citoyens de contrôler les pouvoirs. On a tous en tête les images tremblées transmises d’Iran par les portables des manifestants lors des répressions récentes. Les vidéos amateurs qui montrent les violences policières dans les démocraties deviennent courantes. Les formes de cette sous-veillance se  démultiplient : sur France Culture, où j’entendais récemment ce mot pour la première fois, un intervenant signalait que les notes de frais des parlementaires britanniques n’ont pu être exploitées que par la coopération entre des journalistes et des centaines d’internautes mis à contribution pour les éplucher.

Quelle sera la forme de contrôle la plus efficace – et la plus redoutable ? la sur ou la sous-veillance ? Personnellement, j’ai toujours eu des doutes sur l’efficacité de Big brother, tout simplement parce que l’accumulation d’information en un point rend quasi-inévitable la congestion et donc l’inefficacité. En revanche le contrôle décentralisé et relié en réseau de la sous-veillance me paraît tout autant utile que risqué car il échappera toujours à toute limite. Personne ne pourra contrôler les contrôleurs.

Enfin certains se demanderont si tout cela est bien différent du « bon vieux » contrôle social. Assurément oui, parce que le contrôle social permet avant tout de surveiller ses voisins, ses pairs alors que la sous-veillance contrôle les puissants… jusqu’à l’impuissance ?