Et si nous étions en train de retrouver le sens premier de « bureau » ? Le mot vient en effet de bure, cette toile grossière qui évoque aujourd’hui plutôt un vêtement religieux qu’un espace de travail. La bure dont on recouvrait la table transformait instantanément un mobilier de la vie courante en bureau auquel on pouvait s’attabler avec un minimum de confort pour écrire ou compter. Nos espaces de travail n’en reviennent-ils pas à cette réalité première ? Les télétravailleurs sont habitués à transformer un coin de séjour ou de chambre en bureau simplement en y installant un ordinateur portable. Les grandes entreprises poussées à cela par le coût exorbitant de l’immobilier n’offrent plus que des espaces de travail que chacun s’approprie juste le temps de l’usage avec en contrepartie – pour les mieux lotis – un maximum de variantes possibles (de la cabine pour téléphoner aux salles de créativité dotées de canapés en passant par les si décriés open spaces). Les tiers-lieux en viennent à agencer ensemble toutes les activités de la vie sociale. On peut y voir l’envahissement de la vie par le travail, son non-respect comme un temps dédié mais limité. On peut aussi y voir à l’inverse sa relativisation et sa perméabilité. Le travail devient activité… une activité parmi d’autres et avec d’autres. Pour le pire et le meilleur.