Bureau

En ce vendredi soir, vous en êtes peut-être sortis, du bureau. Mais en sort-on jamais complètement ? L’origine du mot est éclairante sur ce point.

Et si nous étions en train de retrouver le sens premier de « bureau » ? Le mot vient en effet de bure, cette toile grossière qui évoque aujourd’hui plutôt un vêtement religieux qu’un espace de travail. La bure dont on recouvrait la table transformait instantanément un mobilier de la vie courante en bureau auquel on pouvait s’attabler avec un minimum de confort pour écrire ou compter. Nos espaces de travail n’en reviennent-ils pas à cette réalité première ? Les télétravailleurs sont habitués à transformer un coin de séjour ou de chambre en bureau simplement en y installant un ordinateur portable. Les grandes entreprises poussées à cela par le coût exorbitant de l’immobilier n’offrent plus que des espaces de travail que chacun s’approprie juste le temps de l’usage avec en contrepartie – pour les mieux lotis – un maximum de variantes possibles (de la cabine pour téléphoner aux salles de créativité dotées de canapés en passant par les si décriés open spaces). Les tiers-lieux en viennent à agencer ensemble toutes les activités de la vie sociale. On peut y voir l’envahissement de la vie par le travail, son non-respect comme un temps dédié mais limité. On peut aussi y voir à l’inverse sa relativisation et sa perméabilité. Le travail devient activité… une activité parmi d’autres et avec d’autres. Pour le pire et le meilleur.

 

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Auteur/autrice : Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY

Je continue à penser que l’écriture m’aide à comprendre et à imaginer.

 

3 réflexions sur « Bureau »

  1. Bonjour,
    On comprend mal où vous voulez en venir. Admettons qu’au Moyen Âge, la table couverte de bure était un espace polyvalent – ce qui n’est pas évident, vu qu’elle a très bien pu être dédiée à l’écriture et aux comptes.
    Que signifierait alors le « retour à [cette] réalité première » que vous croyez déceler ? A vous lire, les activités de bureau sont par essence fragmentées dans le temps et l’espace, et les tendances actuelles un simple retour à l’ordre des choses. J’ai bien peur qu’il ne faille plus qu’une référence étymologique pour pouvoir l’affirmer.
    Si je me trompe et que ce n’est pas là votre thèse – ce qui est fort possible vu le caractère confus de votre article – vous auriez très bien pu partager vos pensées sur le télétravail et le nomadisme professionnel sans avoir recours à des considérations étymologiques.
    Dans les deux cas, votre billet me laisse perplexe.

  2. Mon billet s’inscrit dans une série que je rédige sur le sens des mots. Simplement pour tirer des fils, notamment à partir de l’étymologie qui peut amener à réfléchir sur les évolutions qu’elle donne à voir. Je trouvais intéressant le parallèle entre la manière de « faire bureau » d’autrefois et celle d’aujourd’hui. Pas d’autres prétentions ! juste amener chacun à se questionner à son tour. Je ne prétends pas à un retour à l’ordre des choses. Bien au contraire, je pense qu’il n’y a pas d’ordre des choses, ni avant ni maintenant. Le bureau personnel tel que nous l’avons connu n’est qu’une organisation qui a correspondu à un temps. Le cycle qui s’ouvre a un point commun avec ce qui a fait l’origine du bureau ce que je trouve intéressant à pointer. Ce n’est pas une démonstration. Juste une notation qui incite à relativiser nos certitudes, quelles qu’elles soient. Et pour moi, il n’y a pas un modèle idéal, l’évolution en cours est positive pour certains, négative pour d’autres. Et souvent positive ET négative en même temps ! Je comprends donc votre perplexité !

  3. Bonjour,
    à ce tour d’horizon des lieux, et des temps, du travail aujourd’hui – dont tu montres bien les fluctuations et l’ambiguité – je rajouterai bien celui de la formation. Ni complètement travail, ni totalement activité d’intérêt personnel, la formation professionnelle est un entre deux, dont le temps et le lieu sont de plus en plus incertains. Pour la famille, que maman ou papa soit en formation ou pas elle (il) est « au bureau ». En revanche, pour les collègues, l’interessée.é (je m’essaie à l’écriture inclusive…) est clairement « en formation », donc pas là, indisponible. Et pour la formé.e ? Ou est ell.e ? que fait ell.e ? Elle s’est certainement déjà posé la question !
    Le sujet se complique quand on considère les modalités de plus en plus fréquentes de formation « à distance », en ligne. Ou est le lieu ? Chez soi ? c’est techniquement possible, donc probablement fréquent. Nous avons alors une double incertitude : est-ce du travail ? où est son lieu ?
    Quand la formation à distance s’effectue sur le lieu de travail, l’incertitude du lieu demeure : on la suit depuis son bureau (au sens physique cette fois) ? ou ailleurs ? (salle dédiée avec matériel adapté). Et quid de la nature du temps passé en ligne. Par petits bouts ? d’une traite ? Avec quelle comptabilisation ? quelle certification ?
    Les entreprises et administrations séduites par ces modalités d’apprentissage (souvent motivées à tord par l’économie de la « ressource formative ») se posent toutes ces questions et tentent d’y répondre.
    Autant d’aspects de la notion de « bureau » qui en l’occurrence est souvent confuse…

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