L’hypotypose est une description qui a pour but de saisir son lecteur par un effet d’évidence. On est plongé dans la réalité décrite sans plus aucune distance narrative. L’auteur disparaît. On ne lit plus : on vit, on éprouve !
Racine est souvent cité pour avoir produit les plus belles hypotyposes et c’est naturellement dans sa biographie, romancée par Nathalie Azoulai – Titus n’aimait pas Bérénice – que j’ai découvert le mot. Avec une nouvelle occurrence quelques jours plus tard dans un documentaire consacré à Macron à propos de son discours à l’enterrement de Johnny Halliday !
Le mot me poursuit, j’en cherche donc l’actualité dans une époque où l’image triomphe. Ce n’est sans doute pas un hasard si notre temps, où tout est montré sans filtre, est à ce point en panne d’un imaginaire permettant de se figurer l’avenir… Tout voir nous sature d’images et nous empêche de voir au-delà de l’immédiatement accessible. La force du récit écrit ou oral c’est qu’il nous pousse à voir, sans rien sous les yeux. A l’heure des capteurs d’images rendus omniprésents par nos portables, il est sans doute temps de retrouver la force incroyable des hypotyposes pour réactiver nos imaginaires. Vive les mots!