Bureau

En ce vendredi soir, vous en êtes peut-être sortis, du bureau. Mais en sort-on jamais complètement ? L’origine du mot est éclairante sur ce point.

Et si nous étions en train de retrouver le sens premier de « bureau » ? Le mot vient en effet de bure, cette toile grossière qui évoque aujourd’hui plutôt un vêtement religieux qu’un espace de travail. La bure dont on recouvrait la table transformait instantanément un mobilier de la vie courante en bureau auquel on pouvait s’attabler avec un minimum de confort pour écrire ou compter. Nos espaces de travail n’en reviennent-ils pas à cette réalité première ? Les télétravailleurs sont habitués à transformer un coin de séjour ou de chambre en bureau simplement en y installant un ordinateur portable. Les grandes entreprises poussées à cela par le coût exorbitant de l’immobilier n’offrent plus que des espaces de travail que chacun s’approprie juste le temps de l’usage avec en contrepartie – pour les mieux lotis – un maximum de variantes possibles (de la cabine pour téléphoner aux salles de créativité dotées de canapés en passant par les si décriés open spaces). Les tiers-lieux en viennent à agencer ensemble toutes les activités de la vie sociale. On peut y voir l’envahissement de la vie par le travail, son non-respect comme un temps dédié mais limité. On peut aussi y voir à l’inverse sa relativisation et sa perméabilité. Le travail devient activité… une activité parmi d’autres et avec d’autres. Pour le pire et le meilleur.

 

Succès

Triomphe, raz-de-marée, voilà les mots qui décrivent aujourd’hui les succès en cours d’un président qui se veut « jupitérien ». Je ne jugerai pas ici de leur bien-fondé. Juste un éclairage sur le mot succès.

Un mot sans ambiguïté apparente, chacun étant en mesure de distinguer un succès d’un échec. Bien sûr nous avons en tête ce que dit l’adage : il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne (les Romains ayant eu l’idée perverse de précipiter les condamnés du haut de la colline où étaient également accueillis les triomphateurs). Qu’un succès ne soit pas définitif et qu’il puisse être suivi de déconvenues, on peut l’ignorer dans l’euphorie des victoires mais on ne l’oublie jamais vraiment. L’ambiguïté que je veux pointer est ailleurs, elle tient à l’étymologie du mot : sub cedere. Succéder, le verbe, ne parler pas de bonne fortune, il indique seulement un mouvement : aller après. Succéder à son père ne garantit pas le succès, simplement la succession. Je trouve intéressant de voir le succès comme un mouvement plutôt que comme un aboutissement. Le mouvement suppose le déséquilibre et donc l’incertitude. Le succès est donc une progression pas un résultat. Dans un monde qui veut tout évaluer précisément à tout instant, je trouve intéressant que de la relativité s’installe dans le succès ! Le succès scolaire quand on était enfant se résumait souvent à un lapidaire « en progrès », c’était frustrant mais tellement juste en fait…

Tsimtsoum

Une parenthèse pour parler d’autre chose que de politique à la veille de l’échéance présidentielle… ou pour y revenir autrement !

Résultat de recherche d'images pour "tsimtsoum"Un mot qui ressemble à un éternuement. Ou à une onomatopée à la Tagada Tsouin Tsouin. Et pourtant ! Tsimtsoum est un mot hébreux on ne peut plus sérieux. On le trouve dans la Kabbale pour désigner le mouvement de retrait de Dieu pour laisser advenir la Création. Si Dieu, Tout puissant par nature, ne s’autolimite pas, alors il n’y a de place pour rien d’autre. Donc pas de Création. Cette notion découverte dans le Complexe d’Elie (voir ce billet) m’a semblée intéressante au moment où je travaillais pour une multinationale très sûre de sa puissance. Si le Dieu de la Bible voit l’utilité de limiter sa puissance, il serait bon que nos entreprises le découvrent aussi ! Surtout lorsqu’elles parlent de développement durable. Il ne s’agit pas en effet pour l’entreprise d’apporter une simple contribution à la vie locale ou de renforcer l’acceptabilité de son activité : dans les deux cas la puissance reste inchangée. Même rendre des comptes n’est pas la question première, l’essentiel est d’accepter une incomplétude fondamentale qui pousse à la création. Ce qui est dit là pour l’entreprise vaut aussi pour un Président de la République nouvellement élu et un peu trop sûr de son destin !Toute autosuffisance supposée tient de la suffisance tout court. En économie comme en politique. La religion le sait depuis longtemps (hélas pas les fanatiques).

 

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