Sériosité

Un mot abandonné depuis des siècles mais qui pourrait être utile pour signaler une autre façon de faire face aux périls

Généreux, générosité ; monstrueux, monstruosité ; dangereux, dangerosité. On pourrait continuer avec méticuleux, impétueux, nerveux… Et sérieux ? Pourquoi a-t-on abandonné la sériosité qui a existé jusqu’au XVIème siècle nous dit (disait) Alain Rey. Le sérieux s’est imposé à la place. Adjectif et nom se sont confondus. Je n’en ai pas trouvé l’explication mais je trouverais intéressant de réhabiliter la sériosité pour donner plus de visibilité, plus de force au fait d’être sérieux. Le sérieux se perd dans la grisaille des gens pas drôles et des situations qu’on aimerait oublier. L’esprit de sérieux fait à juste titre fuir celui qui veut vivre heureux. Le sérieux est assommant voir exaspérant quand il vous fait des remontrances sur votre insouciance. Et pourtant quand le risque est sérieux, quand on fait face à de sérieux problèmes, il est temps d’agir différemment. Mais pas de sériosité pour nous alerter. On a bien sûr la gravité, avec tout le poids qu’elle suppose mais justement, elle est vite pesante la gravité ! et notre besoin de légèreté reprend vite le dessus. Comment être grave et léger à la fois ? Être sérieux mais sans s’enfermer dans l’esprit de sérieux ? La sériosité pourrait être cet art, comme l’ingéniosité dit quelque chose de plus fluide et intuitif que ne le suppose l’ingénieur et son ingénierie. Une sériosité qui aide à prendre les problèmes graves avec ingéniosité et joie de vivre ? N’est-ce pas cette qualité dont nous devrions tous nous doter pour faire face aux catastrophes annoncées ? La sériosité plutôt que l’effroi ou la procrastination. Et si nous mettions à profit notre été pour faire preuve de sériosité en explorant par nos lectures et nos rencontres le monde d’après que nous ne devons absolument pas renoncer à construire ?!

Je vous donne rendez-vous ici même le 14 juillet pour une initiative dans cet esprit de sériosité que j’appelle de mes vœux !

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Auteur/autrice : Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY

Je continue à penser que l’écriture m’aide à comprendre et à imaginer.

2 réflexions sur « Sériosité »

  1. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans … voire un peu plus, n’est-ce pas Hervé ?

    Au fait, figure-toi que pas plus tard que vendredi dernier, j’ai parlé de toi à mon ami Kongfuzi que j’avais perdu de vue depuis plus de mille cinq cents ans. Les rencontres avec une faible récurrence nous permettent de prendre conscience du poids de la flèche du temps, me dis-je. Après lui avoir fait un rapide récap des quinze derniers siècles écoulés (en prenant soin, bien entendu, de combiner la focale orientale et la focale occidentale), je lui ai brossé le tableau de la situation contemporaine. Sa réaction tient en quelques mots que je livre à ta méditation inspirée : « lorsque la situation est grave, il faut se remettre à faire le dictionnaire ».

    A bon entendeur, salut !

  2. Invitation à la sériosité : Lire (ou relire) Ivan Illich dans son livre « La perte des sens » Ed. Fayard où sont regroupées 17 conférences des années 80-90 retravaillées par lui. Début de la 4e de couverture : «Je plaide pour une renaissance des pratiques ascétiques, pour maintenir vivants nos sens, dans les terres dévastées par le « show »….

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