Peut-on encore être un amateur ? Il y a longtemps qu’on ne parle plus d’amateur de bonne chère ou de bon vin. Ça avait un côté jouisseur, très mal venu en ces temps de moralisme aigu. Quant au sport amateur, il y a longtemps qu’il ne fait plus la Une des médias, sauf peut-être quand un « petit poucet » (c’est comme ça qu’on nomme systématiquement les clubs amateurs dans les journaux télévisés) s’invite dans la « cour des grands » en demi-finale de la Coupe de France de football. Quand on parle d’amateur aujourd’hui, c’est plutôt pour dénoncer l’incompétence de ceux qui nous gouvernent. La réforme des retraites maladroite, non chiffrée et de plus en plus obscure contribue apparemment à juste titre à ce procès en amateurisme. Pour ma part, je trouve que c’est faire injure aux véritables amateurs que de prendre pour de l’amateurisme cette dérive des pouvoirs vers la complexité technocratique. J’avoue ne plus rien comprendre à une réforme dont j’avais pourtant voulu tenter une analyse nuancée. Il me semble que c’est dû moins à une volonté idéologique de rompre avec le système de répartition qu’à une incapacité à sortir des approches financières et technocratiques. Pour moi, un amateur véritable aurait posé des questions naïves et profondes sur l’opportunité de la réforme, sur l’importance de savoir, avant toute réforme, ce qu’on voulait faire de l’allongement de la vie, d’envisager des alternatives à la logique binaire actif/retraité pour proposer des statuts intermédiaires permettant de reconnaître une utilité économique et sociale à l’engagement des seniors dans des activités d’intérêt général. Bref, un amateur aurait fait de la politique.
Amateur vient bien sûr du verbe aimer mais il me semble qu’on l’a un peu oublié. L’amour, ce n’est pas la dérive compassionnelle des dernières mesures législatives (sic) sur les congés des parents ayant perdu un enfant ou l’interdiction des matchs le jour anniversaire de l’accident de Furiani ! L’amour, en politique comme dans la vie courante, c’est le souci de l’autre, la créativité (l’engendrement) et la responsabilité. Loin de ce qu’on nomme si mal l’amateurisme, n’aurait-on pas besoin de véritables amateurs. J’ai bon espoir que les élections municipales voient émerger des amateurs DE politique (et non ces amateurs EN politique si vite transformés en professionnels), comme élus et comme habitants engagés. Avis aux amateurs !
En cherchant une image pour illustrer mon propos, je me suis rendu compte que c’était la saint Valentin. D’où ce coeur rouge.