Spirer, respirer, conspirer

Quoi de plus banal que la respiration ? Un article intriguant sur la « pneumatopolitique » m’a fait prendre conscience de sa dimension politique. A mon tour j’ai voulu y réfléchir, entre Covid et… climatisation !

Venir et revenir, flux et reflux, pourquoi n’y a-t-il pas spirer et respirer ? D’office, dans le mot même que nous employons, nous actons que la respiration est un recommencement. Il y a des allers sans retours mais il n’y a pas d’inspiration sans expiration. Je viens de découvrir dans un texte inspirant [1] que la spiration est aussi une con-spiration (les grecs avaient un verbe pour le dire : sunpnoia, la sympnée). Le souffle est toujours un partage : nous respirons le même air et notre vie est conditionnée à ce partage. On n’y prête naturellement qu’une attention distraite tant que l’automatisme de la respiration commune n’est pas perturbé. Cette con-spiration naturelle n’a rien d’une conspiration politique… jusqu’à ce qu’un virus n’en réactive la dimension politique sous-jacente. Chez Aristote, la sympnée était la condition même du politique, à savoir l’existence d’une communauté de citoyens respirant le même air, partageant le même mode de vie. Et dans toute conspiration politique, les conspirateurs partagent bien un souffle vital même s’il est dévoyé. Là, avec le Covid, on s’est rendu compte que respirer ensemble n’allait plus de soi, que c’était même un risque pour la collectivité. Les gestes barrières, les masques – la ventilation hélas pour certains – ont séparé nos respirations. Mal nécessaire, puisque nous avons grâce à cela maîtrisé la contagion tant que celle-ci était clairement dangereuse, mais mal néanmoins. Nous ne devons pas perdre de vue que cet « air conditionné » – au sens propre du terme puisque nous conditionnons le partage du même air au fait d’être possesseur d’un pass – doit rester une exception justifiée par le bien commun. Certains craignent que notre goût pour la soumission volontaire nous laisse séparés. Pour ma part je crains plus encore l’habitude que nous prenons de privatiser notre air. Ce « chacun son air » se traduit par un fait qui est loin d’être anodin : la climatisation irréfléchie de nos habitats. Comment peut-on continuer à être cette communauté de citoyens liés par le même air respiré quand, à la moindre chaleur, nous expulsons vers l’extérieur et donc vers tous les autres la moiteur que nous ne supportons pas ? Peut-on s’offrir aux dépends des autres une fraicheur carcérale, insoutenable à terme ? Plus de courants d’air ni d’entrebâillements, plus d’interactions du dedans et du dehors qui font le charme de l’été ! Et que penser de ces capteurs de CO², de ces moniteurs d’air intérieur que le Covid risque de nous laisser en héritage ? Le bon sens et l’éducation ne suffisent-ils pas pour penser à aérer les pièces où l’on se réunit ? Faut-il techniciser notre con-spiration ?

N’oublions pas que nous REspirons ! Or cette continuité de la respiration, et donc de la vie, est désormais étroitement liée au maintien de l’habitabilité de la Terre. Ne rendons pas la Terre inhabitable par la manière dont nous choisissons de respirer ! Respirer ensemble – con-spirer – devient la manière première d’affirmer notre commune humanité. Osera-t-on revendiquer cette « conspiration » nécessaire ?!

[1] Pneumatopolitique (ce que conspirer veut dire) – AOC media – Analyse Opinion Critique

La France est un pays de gauche qui vote à droite

Qui sortira vainqueur de la présidentielle ? Le diagnostic des sondeurs et de la plupart des commentateurs politiques est sans appel : une France de droite, tentée par ses extrêmes, qui doute de la démocratie. Il faut y regarder de plus près, comme y invite le sociologue Roger Sue.

Avec son accord et en précisant que ce texte a d’abord été publié dans Le Monde, je vous invite à lire ce texte de Roger Sue, un des sociologues avec lequel j’ai le plus d’affinités intellectuelles.  Cette tribune montre clairement comment une société qui n’est pas de droite peut se laisser tenter par un vote pour la droite extrême. Son appel à reconstruire des espaces de citoyenneté pour sortir de cette coupure entre société et politique résonne naturellement avec les thématiques récurrentes de ce blog que Roger me fait l’amitié de suivre. Il est ainsi le deuxième auteur (après Jean-Pierre Worms, et ce n’est évidemment pas un hasard) dont j’ai le plaisir de reprendre les propos à mon compte.

Il ne faut pas confondre la réalité sociologique des Français avec ses représentations tant sondagières, médiatiques que politiques. Les indices visibles du progrès des valeurs de la démocratie ne manquent pas : tolérance LGBT, mariages homosexuels, record des mariages interethniques et de l’assimilation des étrangers, mouvements féministes, sensibilité accrue aux inégalités et injustices, attachement à la devise républicaine, etc. Ces indices traduisent de profonds mouvements de démocratisation souvent mal perçus et compris, autour de l’individualité, de l’égalité et de l’expressivité. Continuer la lecture de « La France est un pays de gauche qui vote à droite »

Omicron : une porte de sortie à ne pas manquer !

Omicron est sans doute une chance, ne la gâchons pas !

Delta puis Omicron. Et le sentiment d’un jour sans fin qui s’éternise. Nous sommes désormais tous touchés de près par le Covid-19 qui était longtemps resté pour beaucoup une menace diffuse, plus présente dans les esprits que dans la vie réelle. De mon côté c’est ma fille aînée qui l’a attrapé (maux de tête et vomissements intenses). Des proches avaient été frappés parfois très durement dans leur famille mais sans que nous ne connaissions directement les victimes. Le Covid était une puissance meurtrière qui rôdait, frappait parfois sévèrement mais restait à distance. L’impression est désormais inverse : le Covid (il a perdu entretemps son 19, qui le circonscrivait dans le temps) est partout mais il se banalise. Combien de projets de famille ont été affectés pour les fêtes par l’absence de tel ou telle infectée par le virus ? Affection, infection : jamais ces mots si proches et pourtant si éloignés n’auront été autant associés qu’à l’occasion de ces fêtes habituellement marquées par les retrouvailles. Les liens d’affection ont un temps été dénoués par l’infection.

Alpha, Delta, Omicron, il me semble que nous avons parcouru toute la gamme des attitudes : la stupeur et l’effroi, la vigilance et le combat, l’exaspération et la lassitude. Nous avons éprouvé très concrètement le sens de la durée alors que l’éphémère est devenu notre quotidien. Nous avions l’habitude qu’une actualité chasse l’autre, mais le Covid est resté accroché à la Une de nos journaux ce que n’arrivent pas à faire ni la misère ni le réchauffement climatique ces deux fléaux tout autant durables. Continuer la lecture de « Omicron : une porte de sortie à ne pas manquer ! »

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