19

Il est relativement passé inaperçu, ce 19. D’autant plus que nous étions déjà en 2020 quand on l’a choisi, et 19 nous semblait déjà de l’histoire ancienne. Et pourtant, ce 19 anodin, il veut dire beaucoup !

Nous lui avons accolé un nombre : 19. Et ce simple nombre me fait frémir. Covid-19. Vous voyez bien ce que ça signifie en creux. Nous en parlons depuis plusieurs jours, même si beaucoup refusent encore de l’entendre : nous sommes au début d’une série. Jusqu’ici c’était un peu le brouillon, l’esquisse de ce qui nous attendait, on ne faisait pas trop attention à la manière de dire : Ebola, Zika, dengue, grippe H5N1,… Mais là, ça y est, nous avons été explicites : 19 ! Covid-19. Dans H5N1, H2N2,H3N2, les chiffres du code nous apparaissent mystérieux mais on n’y prête pas attention. Là avec Covid, c’est 19 qui a été choisi par l’OMS. Et là c’est subitement clair : nous avons la version 2019 du Covid ce qui suppose derrière peut-être un Covid-23, un Covid-28… Jean Viard disait l’autre jour que nos sociétés inventent toujours des rituels pour faire face à ce qui leur arrive. Il disait que les religions avaient inventé le Ramadan ou le Carême, pourquoi pas demain un mois du confinement à caler dans nos calendriers ?! Il disait cela un peu à la blague – du Jean Viard de plateau télé confiné tout craché – mais ça faisait quand même réfléchir. Nous allons sûrement apprendre à vivre avec des épidémies récurrentes. Un épidémiologiste disait que nous allions sans doute bientôt découvrir sous nos latitudes des épidémies récurrentes de dengue. Les moustiques seront bientôt là. Nous n’avons pas suffisamment prêté attention aux anthropologues et aux historiens des épidémies. Nous n’avons pas suffisamment compris le lien extrêmement étroit entre nos choix économiques, les dégradations des écosystèmes et les épidémies qui se multiplient. On s’étranglait ce matin encore quand sur France Inter Dominique Seux proférait cette énormité : « On ne voit pas trop en quoi le coronavirus est lié au libéralisme, à la mondialisation. Il n’est pas dans l’économie comme il y a douze ans, il lui est extérieur ». Pourtant sur la même antenne, je le mentionnais dans mon précédent billet, Matthieu Vidard, intervenant dans la même tranche horaire que Seux, évoquait l’écologie des virus et ses liens avec nos choix économiques. Il est sourd Dominique ? Je pense qu’on entendra, un jour pas si lointain, sur les ondes de France Inter, Léa Salamé annoncer : « Après le Covid-21, la COP 28 consacre l’essentiel de ses travaux à la régulation des épidémies comme moyen d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ». Même si leur manière de compter les années sont différentes, COP et Covid risquent de se retrouver un moment dans la même actualité, au chevet d’une économie à reconstruire sur des bases nouvelles, n’en déplaise aux éditorialistes économiques !

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Auteur/autrice : Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY

Je continue à penser que l’écriture m’aide à comprendre et à imaginer.

Une réflexion sur « 19 »

  1. Dans la même tranche horaire ce mercredi 25/3 matin, et dans son style qui lui est propre, Boris Cyrulnik reprend la journaliste et propose le mot catastrophe au lieu de crise car selon lui, ce ne sera plus comme avant…

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