J’écris beaucoup et depuis longtemps ! Certains d’entre vous me font l’amitié de me lire depuis six ans déjà sur ce blog et avant encore lorsque je rédigeais la « lettre des Ateliers ». Une quinzaine d’années en tout ! En réalité j’écris depuis 1981. J’ai toujours ce cahier vert où j’ai noté année après année mes réflexions, déjà dans l’entre-deux du personnel et du politique. J’écris aussi professionnellement de nombreuses notes dont certaines pourraient figurer sur ce blog, les sujets abordés n’étant pas si différents de ceux traités ici. J’ai enfin donné des coups de main pour plusieurs ouvrages publiés par d’autres. J’écris donc. Mais cette fois-ci, c’est différent! …et je n’ai pas envie de jouer à celui qui est blasé. Oui, je suis heureux d’avoir réussi enfin à publier ce livre. L’accouchement a été plutôt long : j’ai dû commencer à l’écrire en 2007 ou 2008, je ne me souviens même plus.
Citoyen pour quoi faire ? construire une démocratie sociétale tente de donner à voir de façon construite ce que ce blog évoque de manière kaléidoscopique. Il propose une exploration de ce que pourrait être une démocratie sociétale où la politique serait pleinement en interaction avec la société des individus. Une exploration qui commence par une question « naïve » : Pourquoi les citoyens pourraient être actifs… et pourquoi ils ne le sont pas davantage !
Pour beaucoup, la réalité sociale se limite aux faits observables, aux comportements constatés. Les gens prennent-ils les transports en commun ? Consomment-ils bio ? Participent-ils aux élections ? Pourtant la réponse en « oui » ou « non » ne nous apprend rien ou si peu de la réalité des personnes qui font cette réalité sociale. On ne sait rien de leur « propension », ce mot dont François Jullien a fait un livre : La propension des choses : une histoire de l’efficacité en Chine ». Le potentiel, les capacités ou la propension font bien partie de la réalité et sont même les seuls vrais leviers de la politique ! Or, et j’essaie de le montrer, les responsables politiques ignorent (dans le double sens de méconnaissance et de désintérêt) ces capacités citoyennes.
Dans la deuxième partie du livre je montre par quoi pourrait passer une démocratie qui s’appuierait sur « l’énergie citoyenne ». En quoi les politiques publiques pourraient gagner en efficacité dans de nombreux domaines. Comment on pourrait passer d’une démocratie intermittente (le temps des élections) à une démocratie continue. Je ne dis pas que les citoyens devraient se mobiliser sur tout , tout le temps ! Les formes d’investissement peuvent être variées. certains seront plus impliqués dans l’action au service du bien commun, d’autres privilégieront l’évaluation et le contrôle.
Je propose pour cela de distinguer deux registres d’intervention possibles pour la société des citoyens.
Dans le premier, on ne recherche pas la représentativité mais l’envie de construire le bien commun. Là toutes les bonnes volontés sont recherchées pour contractualiser autour d’objectifs partagés. Le volontarisme politique change de nature, cesse de penser que la loi peut tout régler et recourt à des plans de soutien à l’initiative sociétale sur tous les sujets où les citoyens sont en mesure de s’investir beaucoup plus massivement : la santé ou la transition énergétique mais aussi les questions les plus emblématiques de la République comme l’École ou la laïcité. Ces plans de soutien à l’initiative citoyenne associent mobilisation médiatique, ingénierie sociale et financements extrabudgétaires.
Dans le second registre d’intervention, on ouvre les occasions d’expression collective des citoyens au-delà de la seule désignation de leurs représentants. Deux manières de créer de la continuité avec les citoyens sont mises en avant : la possibilité offerte aux citoyens de « mettre à l’agenda » les sujets qui leur importent via le doit d’initiative populaire ; le recours régulier aux jurys citoyens et à l’évaluation citoyenne.
Dans le premier cas, quelques citoyens « entreprenants » s’impliquent directement dans la résolution des problèmes pour lesquels ils se sentent concernés, dans le second un groupe de citoyens, légitimé par le nombre ou par le tirage au sort, participe à l’élaboration des normes qui s’imposeront dans l’espace public.
Mais, me direz-vous avec raison, pour que cette démocratie sociétale fonctionne, il faudrait que les citoyens n’aient pas seulement une « propension » à l’action mais qu’ils deviennent vraiment des citoyens entreprenants. Les plus pessimistes d’entre vous ajouteront : on en est loin ! Comment ne pas être d’accord ? C’est pour cette raison que la troisième partie du livre insiste sur les mesures à prendre pour développer cette citoyenneté entreprenante. Comment les territoires, les entreprises, les médias peuvent apporter leur contribution à l’émergence de cette société démocratique.
Donc trois questions-clés : quel est le potentiel de citoyenneté inemployé ? comment peut-il être mis au service d’une démocratie sociétale ? comment développer une citoyenneté entreprenante pour que cette énergie citoyenne cesse d’être gaspillée ?
Un grand merci collectif à tous ceux qui ont été les sources d’inspiration de ce livre. Tous les membres des Ateliers de la Citoyenneté bien sûr et en premier lieu. Je n’ai pas pu citer tous ceux qui ont participé à l’aventure et j’espère que ceux qui liront ce livre sans y voir leur nom ne m’en voudront pas trop.
Je me réjouis de tout ce chemin que tu as parcouru pour accepter de poser ce « caillou » que tu avais dans la chaussure 😉 Au bord du sentier, il va faire sens pour d’autres et baliser un itinéraire que tu parcoures en éclaireur depuis longtemps.
Je sais que tu as d’autres pépites dans tes poches, nous les entrevoyons de temps en temps sur ce blog. Merci de nous faire partager tes réflexions, tes questionnements et tes agacements.
Je pourrais pas être là lundi 7 mars prochain à la MPT des Rancy, mais tâche de laisser des bouquins à la Librairie La Gryffe qui pourra les proposer tout au long de la semaine Expériences politiques.
C’est la bonne nouvelle de ce début d’année ! Bravo et j’ai vraiment hâte de le lire. Tu nous diras si tu peux / veux faire une dédicace sur Dijon aussi et bien entendu, Paris/Neuilly 🙂
Le Club Lamartine de Dijon pourrait organiser une petite soirée débat si on les sollicite tôt.
Bravo Hervé
Hâte de le lire, et en d’en discuter et… d’agir 😉