Des cafés pour réveiller les citoyens américains

Le café peut-il avoir un effet bénéfique sur la démocratie ? L’initiative d’Annabel Park peut le laisser penser, comme le rapporte Le Monde du 17 mars : [cette documentaliste]  a posté sur Facebook un appel à s’opposer à ce qui lui apparaissait comme une soumission obséquieuse des médias américains à l’égard de Sarah Palin, ex-candidate à la vice-présidence sur le « ticket » républicain à l’élection présidentielle de novembre 2008, et de ses congénères, qui, à ses yeux, ne savent que répondre non à toute initiative adverse. « Lançons un Coffee Party ! (…) Ayons un vrai dialogue politique, avec de la substance et de la compassion » entre Américains. L’appel a rapidement trouvé un écho. Son mot d’ordre : « Réveillez-vous ! » Le public ciblé : tous ceux qui cherchent des « solutions positives » aux problèmes de l’Amérique.

Un réseau social + des cafés + l’envie de dialoguer hors des querelles partisanes : décidément la recette semble devoir gagner la planète.

la « sous-veillance », plus puissante que la surveillance ?

Alors qu’on s’inquiète beaucoup de la SURveillance rendue possible par les TIC, menaçant les libertés individuelles, on voit moins la montée en puissance de la SOUSveillance, cette capacité que donnnent les mêmes TIC aux citoyens de contrôler les pouvoirs. On a tous en tête les images tremblées transmises d’Iran par les portables des manifestants lors des répressions récentes. Les vidéos amateurs qui montrent les violences policières dans les démocraties deviennent courantes. Les formes de cette sous-veillance se  démultiplient : sur France Culture, où j’entendais récemment ce mot pour la première fois, un intervenant signalait que les notes de frais des parlementaires britanniques n’ont pu être exploitées que par la coopération entre des journalistes et des centaines d’internautes mis à contribution pour les éplucher.

Quelle sera la forme de contrôle la plus efficace – et la plus redoutable ? la sur ou la sous-veillance ? Personnellement, j’ai toujours eu des doutes sur l’efficacité de Big brother, tout simplement parce que l’accumulation d’information en un point rend quasi-inévitable la congestion et donc l’inefficacité. En revanche le contrôle décentralisé et relié en réseau de la sous-veillance me paraît tout autant utile que risqué car il échappera toujours à toute limite. Personne ne pourra contrôler les contrôleurs.

Enfin certains se demanderont si tout cela est bien différent du « bon vieux » contrôle social. Assurément oui, parce que le contrôle social permet avant tout de surveiller ses voisins, ses pairs alors que la sous-veillance contrôle les puissants… jusqu’à l’impuissance ?