Deux mois de Grand débat, un mois pour tirer les conclusions : la presse trouve le temps long ! Que l’on sorte pour une fois de la précipitation m’a à l’inverse plutôt réjoui ! Saurons-nous en faire un AVANT et pas seulement un APRES ?
Laisser opérer une forme de décantation est sage. On le sait bien, avec des conclusions tirées trop vite, il n’y avait aucune chance de créer une rupture avec les pratiques politiques habituelles. Ce n’est pas la synthèse algorithmique des dizaines de milliers de documents et de contributions diverses qui peut permettre de faire émerger des propositions fortes de ce remue-méninges collectif. Si l’on se précipite sur « les dix mesures plébiscitées par les Français », on restera dans le ressassé et on laissera de côté les milliers d’autres pistes qui avaient tout autant, ou presque, suscité de contributions. Plus fondamentalement, l’idée que des « mesures » puissent changer la donne est une illusion. On a d’ailleurs bien vu que les mesures prises en décembre ont été très vite considérées comme des miettes et presque aussitôt oubliées dans l’attente d’autres mesures, plus spectaculaires, plus radicales. Plus, toujours plus. L’approche par les mesures est une impasse.
L’idéal serait bien sûr l’annonce d’un changement de cap, d’une conversion à l’urgence écologique, d’une prise en compte, autrement qu’en paroles, des désagrégations sociales qui minent notre pays. Mais si nous l’avons espéré avec la remise du rapport Borloo ou à la suite de la démission de Nicolas Hulot, le changement de cap n’est certainement pas à l’ordre du jour.
Faut-il dès lors ne plus rien attendre et s’habituer à vivre la coexistence d’une contestation sociale récurrente, sporadiquement violente, et d’une technocratie continuant vaille que vaille sa « modernisation »… jusqu’à ce qu’un régime populiste les remplace ?
Et s’il restait une voie étroite que nous puissions utilement explorer ? Une voie qui n’obligerait pas le Président à se renier, une voie qui permettrait aux personnes de se sentir prises en compte, qu’elles aient été Gilets jaunes ou Marcheuses pour le climat. Utopique ? Sans doute mais j’avoue préférer chercher inlassablement cette voie étroite qui peut-être pourrait contribuer à éviter la propagation de la violence et de son double, la répression. Continuer la lecture de « Après le Grand débat ? »