Des pistes pour une pratique imaginative de la participation

Les élections municipales ont placé à la tête des communes des élus souvent favorables à la participation des citoyens. Le passage à l’action est un art périlleux ! quelques pistes pour ne pas choisir entre URGENCE et IMPORTANCE !

Les élus nouvellement installés sont confrontés au dilemme classique entre urgence et importance. On le sait d’avance, c’est l’urgence qui gagne à chaque fois ! Or l’urgence conduit à faire avec les moyens du bord sans rien changer aux pratiques, même lorsqu’elles ne sont pas jugées satisfaisantes. On tombe alors dans le cycle bien connu de la défiance réciproque : les démarches mises en œuvre souffrent des mêmes défauts qu’avant et sont donc déceptives ; les citoyens qui espéraient des changements contestent ou se rétractent, les agents et les élus face à ces réactions vont vite perdre leur enthousiasme. Beaucoup d’énergie aura été déployée en pure perte ou presque.

Comment sortir de ce cercle vicieux ? En transformant l’importance en urgences ! Urgence-s au pluriel parce que l’importance est toujours trop énorme trop protéiforme pour s’insérer telle quelle dans les logiques de l’urgence.

Pour cela il faut démontrer que ces « urgences de l’importance » sont autant de raccourcis créatifs pour aller plus vite dans l’établissement d’un nouveau contrat démocratique, d’une nouvelle relation entre élus, services, citoyens, acteurs sociaux… La définition du contrat démocratique ne doit pas être vue comme un préalable en raison de son importance mais comme une succession de rendez-vous qui vont à chaque fois rendre plus fluide la mise en œuvre de tous les chantiers urgents grâce à une montée en puissance de la qualité de la relation (vision partagée, confiance dans l’organisation mise en place…). Continuer la lecture de « Des pistes pour une pratique imaginative de la participation »

Mots

A l’occasion de la sortie de « 40 mots persopolitiques », retour sur le mot « mot » lui-même… et sur quelques-uns de ceux que j’ai eu l’occasion d’évoquer sur ce blog depuis 10 ans. L’avant-dernier texte a 10 ans et retrouve une actualité étonnante (care). Le dernier texte évoquera longtemps, pour moi, le moment que nous avons vécu au printemps (particulier).

Le mot « mot » a une origine pour le moins paradoxale : qu’on se tourne vers mutus qui a donné muet, muttire qui veut dire grommeler (en réalité, prononcer le son mmmmh) ou encore au terme latin qui a donné mouche à partir de son bourdonnement, il ne s’agit avec mot que d’expression contrainte, limitée et pratiquement incompréhensible. Le « mot » est donc au départ quelque chose de pas très clair là où on s’attendait à une origine plus noble, plus conforme à notre conception du mot comme brique de base du langage, indispensable à notre compréhension mutuelle. Si on tient compte de la vérité sous-jacente de l’étymologie, on peut en rabattre avec notre prétention à l’intelligibilité grâce au langage ! Les mots ne seraient que des borborygmes à peine articulés et il serait dès lors illusoire de vouloir chercher le mot juste.

Et si plutôt il fallait tirer comme conclusion que les « mots » sont toujours contextuels, qu’ils se vident de leur sens à être trop usés, qu’il faut jouer avec, les multiplier, les retourner, les recomposer pour qu’ils contribuent à mettre un peu plus d’intelligence dans notre conversation ?

Depuis 10 ans que je tiens ce blog, j’ai essayé de jouer avec les mots, tenté des glissements de sens, des rapprochements inédits : j’ai ainsi parlé de fortitude, de volontarisme modeste, j’ai récemment proposé le concept d’inode. Mais j’ai aussi pris des mots dans l’actualité, dans les livres que je lisais pour tenter d’en voir la richesse – au-delà de la banalité comme dans exister, bureau ou nature – ou l’utilité possible – au-delà de la technicité ou de la rareté comme dans obsidional ou gyrovague. Déployer le sens des mots au-delà de ce qu’ils nous disent au premier abord est un exercice réjouissant parce que des mots presque muets se mettent à parler !  On découvre qu’exister a un rapport avec sortir (Cf. exit  en anglais, plus explicite) ou que candidat est lié à la blancheur par le latin candidus.

Dix ans après avoir commencé, j’ai extrait de ce blog quarante mots sur lesquels je me suis arrêté un instant, parfois pour les oublier juste après, parfois pour les incorporer définitivement à mon vocabulaire. J’en ai fait un recueil que j’ai édité moi-même faute d’avoir la patience de trouver un éditeur. J’ai réalisé à cette occasion un travail d’illustration en piochant dans la production foisonnante des collages de ma fille Raphaëlle. Un moyen très intéressant de chercher des correspondances parfois ténues et fugaces mais toujours riches de rebonds possibles, des images aux mots et des mots aux images.

Si vous vous plongez dans « 40 mots persopolitiques », vous retrouverez tsimtsoum, ipséité ou stigmergie, des mots rares mais utiles mais aussi des mots très quotidiens, comme platane ou centre, qui permettent de revisiter les questions démocratiques. Oui, platane et démocratie ont un lien très puissant !

Rassemblés dans un recueil, ces mots se répondent et s’enrichissent. Le voyage que vous ferez dépendra des étapes que vous choisirez. Gyrovague – Ipséité – Drapeau – Symbolique vous amènera sans doute à réfléchir sur nos identités plurielles alors que Chtôn – Frugalité – Es gibt – Humain – Nature interrogera votre rapport au Vivant. Un parcours plus politique liera Candidat – Obsidional – Amateur – Point de vue.

A vous bien sûr d’inventer vos parcours !!

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VIVRE, avec le virus !

Persopolitique n’a pas vocation à libérer son auteur de ses énervements mais avouons que le climat de cette rentrée ne conduit pas à la sérénité ! Or nous avons bien besoin de vivre la crise sur un tout autre registre que celui qui domine actuellement.

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? », « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie. » Tous les jours, avec le même ton angoissant et la même répétition que la femme de Barbe bleue dans le conte de Perrault, les médias s’interrogent sur la venue de la deuxième vague. Dans le conte l’arrivée des frères est le seul espoir d’échapper à la mort sous la lame de Barbe bleue. Dans notre « réalité médiatisée », c’est l’arrivée de la vague qui serait meurtrière. Dans un cas la menace est là, immédiate, et l’espoir hypothétique (les frères vont-ils surgir dans le poudroiement du soleil ?). Dans l’autre la menace est très hypothétique mais elle finit par anéantir l’espoir. Nous vivons comme si la deuxième vague était inéluctable, avec les mêmes effets qu’au printemps. Une autre analogie vient alors à l’esprit : ne sommes-nous pas plutôt dans Le désert des tartares à attendre, comme les habitants du fort imaginé par Dino Buzzati, un ennemi qui ne vient pas, complètement suspendus à cette attente, empêchés de vivre par l’obsession d’une Nouvelle vague ?

« Apprendre à vivre avec le virus », tel était le programme raisonnable auquel nous souscrivions tous largement avant l’été en nous disant que nous devrions cohabiter au moins jusqu’au printemps prochain avec le virus, sinon en bonne intelligence, du moins dans un évitement prudent et avisé.

Las ! la rentrée ne se passe pas du tout dans cette ambiance ! Encore une fois, nous ne serions que des enfants qu’il faut guider dans leurs moindres gestes et chapitrer au moindre écart ! Où est la confiance dont on nous assurait que nous en étions dignes ?! Nous avions été exemplaires, nous disait-on ! Nous avions adopté, malgré notre réputation de Gaulois rétifs à toute autorité, la plupart des gestes-barrières qui nous avaient été prescrits. Mais le ton de cette rentrée n’est pas à la confiance. Les obligations se multiplient et se généralisent. Normalement je devrais porter le masque dès que je sors de chez moi, puisque j’habite à Lyon. Mais dans ma rue, vers 8h, quand je sors prendre mon café du matin, il n’y a pas foule… et je me refuse à porter un masque. Je n’aime pas me mettre dans l’illégalité (j’ai scrupuleusement respecté la durée et le périmètre de sortie pendant le confinement) mais là, c’est trop ! Ce masque c’est bien sûr une protection des autres face à mes postillons et je me suis habitué à le mettre dans les transports, les lieux clos et les rues fréquentées. Je trouve ça civique et prophylactique mais laissez-moi une marge d’appréciation ! Toute obligation absurdement générale entraîne nécessairement le type de réaction que j’ai. J’ai discuté avec beaucoup de personnes qui partagent cette exaspération sans être des anti-masques par principe. Hier matin j’entendais que le procès des attentats de janvier 2015 allait se dérouler avec des masques ! Imaginer une justice masquée me semble une aberration. Il vaut mieux créer des distances physiques, limiter le nombre de personnes dans la salle d’audience mais il faut voir et entendre les protagonistes des débats ! On en vient à des acceptations folles d’une norme sanitaire.

L’autre jour, devant la débauche de signalétique autocollante dans le métro, sur les vitres des rames, sur les quais, dans les couloirs, avec des cheminements et des indications de distanciation absolument inapplicables, j’éprouvais également ce sentiment de malaise, ce manque d’air qu’on ressent quand on se trouve envahi par des injonctions multiples et contradictoires. Laissez-nous respirer ! Je crois qu’on a compris ce que nous devions nous efforcer de faire. Inutile de nous faire vivre chaque instant sous le registre de la prescription répétée ad nauseam.

Plus grave encore, nous retrouvons comme au printemps la litanie quotidienne des chiffres de la maladie. Tous les jours on nous alerte sur le nombre croissant de personnes touchées par le virus avec l’interrogation rituelle pour savoir si nous sommes entrés dans la deuxième vague. Jean-François Toussaint est bien seul à nous rappeler que nous ne regardons plus les mêmes chiffres qu’au moment du confinement ! Il a beau montrer les courbes des admissions en soins intensifs et des morts du Covid qui restent strictement plates, rien n’y fait. Oui, le virus circule, oui des gens sont infectés en nombre mais c’est bien ça « apprendre à vivre avec un virus ». Qui peut sérieusement croire qu’on puisse vivre avec un virus et ne jamais entrer en contact avec lui ? Notre apprentissage, côté médical, est pourtant bien engagé : on sait mieux soigner (on vient d’apprendre par exemple que les corticoïdes sont réellement efficaces), on gère mieux le passage en soins intensifs sans recourir aussi massivement aux respirateurs… En revanche nous n’avons pas encore trouvé le rythme de croisière pour tester de manière efficace et isoler les porteurs du virus ; sans doute cela viendra vite avec les tests plus simples qu’on nous promet. Bref, on s’organise pour faire avec. Il devient urgent que nous trouvions aussi les modalités d’information et de prévention qui n’accentuent pas inutilement la peur ou les contraintes infondées. C’est une excellente occasion de renforcer notre aptitude au discernement personnel et à la régulation par la multiplication des ajustements à toutes les échelles, familiale, professionnelle, de voisinage, locale et nationale.

Je me refuse à croire ce que certains disent : la peur étant un gage de tranquillité publique, les pouvoirs seraient tenter de maintenir un niveau élevé d’angoisse. Ce calcul serait un calcul de Gribouille au moment où la confiance en l’avenir est indispensable à la « relance » que promeut le gouvernement. On ne peut avoir en même temps la peur et la confiance dans l’avenir. Notre responsabilité à tous, et pas seulement aux gouvernants, est de privilégier la confiance.

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