Mycélium n°2

Même si souvent les textes de Persopolitique « s’inspirent de faits réels », il est rare que je relate en détail une expérience personnelle. Si je le fais aujourd’hui, c’est que cette expérience est pour moi très symptomatique d’un autre rapport au politique possible… et souhaitable !

Olivier Frérot ne m’avait donné que quelques bribes d’explication. Même s’il ne l’avait pas dit exactement comme ça, ça ressemblait un peu à l’appel des disciples par le Christ dans l’Evangile : « Viens, laisse tes affaires en plan et suis-moi » ! C’était à la fois flatteur et inquiétant d’être ainsi « élu ». Et puis il y avait ce nom énigmatique de Mycélium[1]… Dans quoi je m’embarquais ?!

J’avais failli renoncer à venir quand Olivier m’avait informé que les personnes que je connaissais au moins de nom avaient finalement déclaré forfait. La curiosité et le souhait de ne pas ajouter à la déception d’Olivier m’ont conduit jusqu’à cette maison de l’Yonne où nous accueillait ce « jardinier punk » et j’y ai passé quatre jours décoiffants.

J’ai su que j’allais vivre un événement marquant quand je me suis aperçu de la facilité avec laquelle j’avais mémorisé les prénoms des 10 personnes avec qui je m’étais embarqué pour l’aventure sans savoir réellement ce que j’allais faire.

Si vous m’avez lu jusque-là, vous devez commencer à vous demander si je vais enfin dire ce que j’ai vécu de si extraordinaire pour mobiliser un billet de blog d’habitude plus politique que perso même s’il est toujours persopolitique ! Continuer la lecture de « Mycélium n°2 »

Repenser le « gouvernement » local, urgence des municipales

Les élections de 2020 sont particulièrement importantes pour renouveler nos pratiques démocratiques. Espérons que les violences récentes à l’égard de quelques maires ne nous détournent pas de la question cruciale du « bon gouvernement ».

J’entendais il y a quelques jours, sur France Inter, la femme d’un maire qui craignait pour la vie de son mari. Cet élu venait encore d’être menacé, cette fois avec une tronçonneuse. « Je ne tolère pas la moindre incivilité » disait-il à son intervieweuse, « Dès qu’il se passe quelque chose, renchérissait son adjointe, il me téléphone : allo Coco, y a ça, j’y vais ». Cette agression est inadmissible mais doit-on la mettre au cœur de l’actualité ? Bien sûr une agression qui touche une personne dévouée au bien commun (ce maire ici, des pompiers ailleurs,…) nous parait de ce fait encore plus insupportable ; mais encore une fois, doit-on se focaliser sur cette question comme on semble commencer à le faire, pris dans le tourbillon médiatique ?

Même en hausse, cette violence reste en effet – et heureusement – assez faible, le reportage n’évoquait que 361 agressions ou incivilités à l’égard des maires l’an dernier sur 35 000 maires d’après une étude du Ministère de l’Intérieur. Avec la focalisation sur la violence, on risque de ne chercher que des réponses sécuritaires qui ne traitent jamais le fond des problèmes. Ce qui est pour moi le plus dérangeant dans cette manière de rendre compte de la réalité, c’est ce qui est dit en creux : le maire victime est héroïsé. Le maire apparait ainsi comme un bon maire parce qu’il incarne l’autorité et parce qu’il est prêt au sacrifice. Il ne compte pas son temps, il peut être appelé jour et nuit, il est toujours sur le coup,… Le Maire, même familier, même proche des gens est et reste « hors du commun », il s’écrit avec une majuscule.

C’est cette sacralisation de l’élu, cette mise à part, qui pose problème et contribue paradoxalement à aggraver le blues des élus dont on parle (un maire sur deux envisage de ne pas se représenter en 2020 selon le Cevipof). Continuer la lecture de « Repenser le « gouvernement » local, urgence des municipales »

Excuses : pourquoi elles n’ont pas de sens

Tout le monde a trouvé qu’il avait bien fait de s’excuser, je pense que Fillon a commis au contraire une erreur en s’excusant. Explications.

Comme je l’écrivais, François Fillon ne voit pas le problème que pose sa conduite. Sa décision de continuer est donc logique. Ce sont ses excuses qui ne le sont pas. Ces excuses n’ont ni réalité ni sens. Pourquoi s’excuser si c’est pour n’en tirer aucune conséquence ? les excuses conduisent normalement à changer de conduite et à réparer le mal qu’on a fait. S’il y a eu un abus moral d’une situation légale, on peut proposer un remboursement ou un dédommagement. Rien de tel ici. Pas de réelle reconnaissance d’avoir trop abondamment bénéficié des ressources de l’Etat. Pas davantage de reconnaissance que le travail fourni n’était peut-être pas pleinement celui qu’on attend couramment de collaborateurs parlementaires en circonscription. Au contraire l’affirmation d’un droit absolu au non contrôle au prétexte que le contrôle serait une remise en cause du principe de séparation des pouvoirs.
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