Du nouveau dans la newsletter !

Une lettre au contenu enrichi pour un nouveau mode de dialogue avec les lecteurs

Jusqu’ici la newsletter se limitait à l’envoi du dernier texte publié. J’ai envie de donner plus d’intérêt à la lettre et d’en faire un outil de dialogue.

Avec l’aide de Philippe Cazeneuve qui prend le relais de Michel Scriban pour le support technique, je vous propose un nouveau rendez-vous, plus riche, avec 3 ou 4 rubriques renvoyant au blog :

Nouveau : l’annonce du dernier article paru

Rétro-éclairage : un retour sur une actualité passée pour rétro-éclairer le présent

Le mot du mois : la mise en avant d’un mot sur lequel j’ai écrit

Conversations : le lancement d’une conversation (voir ci-dessous), dans le cadre d’une nouvelle rubrique.

Peut-on engager une conversation véritable avec un blog et une newsletter ?

C’est ce que je vous propose d’explorer ensemble, avec cette édition renouvelée de la newsletter de persopolitique et la création d’une rubrique « conversations » sur le blog.

Un blog appelle des commentaires, souvent intéressants mais toujours limités ; une newsletter fonctionne presque exclusivement à sens unique. Et si nous dépassions ensemble ces contraintes ?
Je constate, dans la vraie vie, une soif de conversations substantielles, de conversations qui permettent la multiplication des points de vue, le partage d’expériences vécues. Persopolitique vous propose un exercice inédit de « conversation écrite ».

Comment ça marche ?

1/ Vous découvrez en quelques mots un sujet sur lequel la pluralité des points de vue peut aider à voir plus clair. C’est un appel à contributions libres : vous pouvez écrire quelques lignes ou quelques pages : piste d’action, partage d’expérience, initiative à connaître, lecture stimulante,…

2/ A partir des contributions reçues, je rédige un texte qui reprend les propos reçus en les agençant pour qu’ils se répondent, se complètent et offrent ainsi un premier tour de la question. Cette conversation est publiée sur persopolitique comme un article de blog à part entière, avec mention de tous les contributeurs.

3/ la conversation se poursuit via les commentaires ouverts à tous. Si la richesse des commentaires le justifie, une nouvelle publication pourra être envisagée sur le même thème.

Pour que cette lettre fonctionne et pour enrichir le blog ensemble, merci de vous abonner ou de renouveler votre abonnement. J’espère vraiment que chacune et chacun de vous fera le geste de s’abonner !

Merci de votre intérêt et de votre confiance

Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY

Se raconter, être raconté, conter

En écrivant sur « Les vivants », la série diffusée par France 2 à l’occasion des 10 ans du 13 novembre, je ne cherche pas à m’inscrire dans l’émotion des commémorations. J’ai cette obsession de raconter autre chose sur le monde que l’infinie désespérance qui nous accable. La série dit ça. Elle le dit même avec une justesse et une force qui m’a donné à réfléchir : et si nous contribuions à un autre récit ? Nous, les « tisseurs de paroles ».

Se raconter, être raconté, conter
desvivants

Je viens de terminer la série Des vivants.

Je n’ai pas envie d’écrire sur l’horreur des attentats, l’emprise du terrorisme, la douleur des victimes. Tout a été dit. J’ai craint, avec les premières images, que la série soit centrée sur la réactivation du traumatisme : des zombies sortis de l’enfer, hagards au milieu des pompiers et de la sécurité civile. La reconstitution à gros moyens me faisait peur, les acteurs me semblaient figés dans des représentations stéréotypées de la sidération. Heureusement très vite on s’est attaché à quelques personnages, les otages du Bataclan, d’abord isolément puis très vite regroupés sous le vocable les « potages » – version agglomérée de « potes otages ». Et ce sont les potages qui m’ont donné envie d’écrire. Ecrire sur la puissance que donne le fait de constituer une communauté de vivants, une communauté qui apprend progressivement à se raconter.

Ce ne sont pas leurs histoires individuelles qui nous touchent c’est l’intrication de leurs histoires personnelles, de couples, de groupe et de notre histoire commune. Deux d’entre eux essaient de s’inventer des histoires héroïques, des histoires purement individuelles : « J’ai sauvé une femme enceinte », « Je me suis sacrifié pour ma femme ». Mais ces histoires ne tiennent pas, elles se diluent progressivement dans une histoire commune bien plus vraie, plus forte, avec des rituels, des fêtes et des chansons. Et surtout la série raconte la présence des uns pour les autres, nécessaire d’abord, évidente ensuite, plus rare mais toujours infiniment précieuse et lumineuse à la fin (ah la tension ressentie quand chacun se met à craindre que le retardataire ne vienne pas au repas organisé dans la maison de campagne de l’un deux !). Continuer la lecture de « Se raconter, être raconté, conter »

Nuance

Appeler directement à la nuance dans le débat public risquerait d’apparaître comme un vœu pieux. Je propose ici un détour pour mieux retrouver l’envie de porter haut cet art indispensable de la nuance.

Nuance
Shitao-Dernière randonnée-1707

Dans la nuance, le nuage transparait. L’apparence changeante du nuage quand le soleil décline, a inspiré le mot nuance pour parler des couleurs avec plus de subtilité. « Ça tire sur le vert ! », « Mais non c’est un bleu, je te dis ! » Si les couleurs ne prêtent pas à discussions, les nuances ouvrent des débats sans fin et, si l’on est honnête, la couleur que l’on défendait comme bleu à l’instant, vue sous un autre angle, n’est plus si bleue. Peut-être qu’effectivement, on pourrait dire qu’elle tire sur le vert.

Pastoureau, l’historien des couleurs, rappelle qu’au Moyen-âge, à une époque où l’on ne savait pas produire des couleurs stables, identiques d’un bain à l’autre, on ne s’embarrassait pas des nuances. L’héraldique ne connait que les couleurs franches. Peu importe qu’il soit vermillon ou cramoisi (ah, les noms des couleurs !), le rouge est toujours un « gueules », comme le nomme l’héraldique.

On parle de couleurs franches et de nuances indécises. Et si cette expression nous cachait la réalité sous une fausse évidence. La notion de couleur franche ne peut exister que par convention. En quoi un rouge est-il plus franc qu’un autre ? A l’inverse la nuance est-elle aussi indécise qu’on le dit ? La nuance vise à cerner au plus près une réalité qui a priori nous échappe. La pluralité des points de vue permet de mieux saisir la teinte réelle entre bleu et vert. On compare, on contraste, de proche en proche on ajuste son regard et l’on peut s’accorder. La nuance est indécise a priori, mais quand on a fait l’effort de s’ajuster n’est-elle pas plus durable qu’une couleur de convention ?

Paradoxalement, alors que nous avons maintenant les techniques pour restituer les teintes dans leurs plus subtiles nuances, notre parole ne semble plus disposer que des cinq couleurs primaires des blasons ! Nous avons banni la nuance de nos conversations au moment où elle est plus nécessaire que jamais pour dire la complexité caractéristique de notre temps. La complexité ne peut être représentée dans le débat public alors que les nuances qui permettraient de la dire sont ignorées ou pire rejetées.

Alors, il est grand temps de reprendre à notre compte les mots de Verlaine dans L’art poétique

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L’Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l’Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

« Et tout cet ail de basse cuisine ! », la formule étonne à dessein par son prosaïsme mais on ne peut éviter de faire le lien avec l’indigeste cuisine politique qui nous est servie ad nauseam.  Il n’est que temps de « fiancer le rêve au rêve et la flûte au cor ».

Tournons-nous vers ce que disent les Chinois de leur art de la peinture des paysages :

La montagne sous la pluie ou la montagne par temps clair sont, pour le peintre, aisées à figurer. […] Mais, que du beau temps tende à la pluie, ou que de la pluie tende au retour du beau temps […], quand tout le paysage se perd dans la confusion : entre il y a et il n’y a pas – voilà ce qu’il est difficile de figurer.  Qian Wenshi.

L’art de la nuance c’est cette capacité à ne pas essentialiser ce qu’on a à représenter. C’est d’accepter que la réalité soit toujours en transition entre deux états, entre « il y a et il n’y a pas ». C’est parce que Trump et ses émules cherchent à anéantir cet art de la nuance que nous devons le célébrer. La démocratie est un art de la nuance.

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