La politique à l’heure du ET

Gauche et droite, politique et société civile, présidentialisme et parlementarisme, libéralisme et écologie… Le grand retour du ET en politique ?

Pour nombre de nos contemporains, l’obscure clarté, le fameux oxymore, ne veut rien dire ! Au mieux diront-ils avec indulgence ou mépris « c’est de la poésie ». Je les entends : Dans la vraie vie, la clarté ne peut pas être obscure ni l’obscurité claire. Dans la vraie vie, il faut choisir et particulièrement en politique. Etre de gauche ou de droite. Etre pour l’horizontalité du dialogue ou par la verticalité de l’autorité. Choisissez : vous êtes pour ou contre la croissance ? pour ou contre l’Europe ? pour ou contre l’Etat providence ? ah vous ne savez pas répondre à ces questions, vous êtes donc indécis, inapte au pouvoir qui doit trancher sans hésiter. Combien de fois dans le débat public avons-nous entendu ces réquisitions comminatoires ? Tout ça au nom d’une prétendue clarté nécessaire au le citoyen ! Et si c’était cette recherche obtuse de la netteté qui rendait le monde opaque ? Le simplisme de beaucoup de discours « tranchés » confine à la cécité face à un réel en relief qui échappe toujours à ceux qui ne voient que d’un œil.

Ceux qui me lisent depuis longtemps savent ma préférence pour les oxymores et pour le ET. Ils comprendront donc ma satisfaction de citoyen à voir un gouvernement tenter l’exercice délicat de la conjonction plutôt que la pratique habituelle de la confrontation. Poussons le principe à son terme : l’utilité que je vois à la « conjonction » ne me pousse pas à dénigrer la « confrontation ». Trop de consensus renverrait toute opposition à l’extrémisme. J’ai essayé de dire récemment l’importance du conflit. Ce n’est donc pas ET ou OU mais bien ET et OU ! Je sais, ça complique encore un peu plus le jeu mais acceptons cette montée en complexité !

Nous avons élu un président qui refuse heureusement de renoncer au « en même temps » qu’on lui a reproché de mettre dans tous ses propos. « En même temps » serait le signe de son inaptitude à gouverner, son tropisme « hollandais » à la recherche de synthèses sans contenu. Je pense qu’il faut au contraire le louer de sortir de la pensée binaire. Continuer la lecture de « La politique à l’heure du ET »

Tsimtsoum

Une parenthèse pour parler d’autre chose que de politique à la veille de l’échéance présidentielle… ou pour y revenir autrement !

Résultat de recherche d'images pour "tsimtsoum"Un mot qui ressemble à un éternuement. Ou à une onomatopée à la Tagada Tsouin Tsouin. Et pourtant ! Tsimtsoum est un mot hébreux on ne peut plus sérieux. On le trouve dans la Kabbale pour désigner le mouvement de retrait de Dieu pour laisser advenir la Création. Si Dieu, Tout puissant par nature, ne s’autolimite pas, alors il n’y a de place pour rien d’autre. Donc pas de Création. Cette notion découverte dans le Complexe d’Elie (voir ce billet) m’a semblée intéressante au moment où je travaillais pour une multinationale très sûre de sa puissance. Si le Dieu de la Bible voit l’utilité de limiter sa puissance, il serait bon que nos entreprises le découvrent aussi ! Surtout lorsqu’elles parlent de développement durable. Il ne s’agit pas en effet pour l’entreprise d’apporter une simple contribution à la vie locale ou de renforcer l’acceptabilité de son activité : dans les deux cas la puissance reste inchangée. Même rendre des comptes n’est pas la question première, l’essentiel est d’accepter une incomplétude fondamentale qui pousse à la création. Ce qui est dit là pour l’entreprise vaut aussi pour un Président de la République nouvellement élu et un peu trop sûr de son destin !Toute autosuffisance supposée tient de la suffisance tout court. En économie comme en politique. La religion le sait depuis longtemps (hélas pas les fanatiques).

 

Heureusement la carte n’est pas le territoire (et encore moins les Français) !

La carte n’est pas le territoire… mais certains ont tendance à l’oublier, du moins si l’on considère la fascination que suscite les cartes électorales chez les éditorialistes et les fractures qu’elles sont supposées révéler ! Il est urgent de se sortir de la tête que la France est coupée en 2 si l’on veut trouver les moyens de la gouverner.

Les cartes électorales ont parlé et semblent sans appel : depuis le 23 avril, on aurait deux France que tout oppose ! La France ouverte des métropoles et la France repliée sur elle-même du périurbain et des bourgs ruraux. A force de vouloir clarifier les enjeux, les journalistes et les commentateurs finissent par dessiner un monde très éloigné des réalités vécues. Ils ne se rendent même pas compte qu’ils disent l’inverse de ce qu’ils disaient juste avant l’élection ! Il n’était alors question que de la fluidité de l’électorat qui pouvait passer d’un vote à un autre en fonction des circonstances ; on nous décrivait une France « coupée en 4 » (pas en 2). Et ce 4 était lui même très contestable, la gauche de gouvernement ne disparait pas définitivement avec l’éclipse du PS… En réalité, nous avons, en France, 5 forces équivalentes et non 2 ou 4 : droite populiste, droite républicaine, centrisme et écologisme, gauche de gouvernement et gauche protestataire. Les scores fluctuent évidemment mais elles ne disparaissent jamais totalement. Comme le dit Hervé Le Bras, « à ceux qui parlent de dissolution des partis, on peut opposer la recomposition ordonnée des électorats ». Il insiste : « l’électorat change moins vite que les états-majors ».

Par le miracle du scrutin majoritaire à deux tours, on oublie toute complexité et on croit retrouver enfin un clivage net, le vieux clivage gauche /droite étant subtilement remplacé par le clivage pro ou anti-mondialisation. Simple. Simplissime. Simpliste. Faux en fait. Et nuisible de surcroit, car on ne comprend plus rien à la diversité des opinions et à leur possible composition pour créer des majorités d’idées. On ne voit plus non plus les capacités de la société à agir ensemble, à prendre des initiatives sur des enjeux communs par-delà les différences d’opinions réelles mais jamais aussi exacerbées que la lecture actuelle de la cartographie électorale le laisse entendre.

Il est bon de rappeler quelques faits : Continuer la lecture de « Heureusement la carte n’est pas le territoire (et encore moins les Français) ! »

persopolitique.fr
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.