Trump et Bayrou, deux discours, deux mondes

J’entends ici défendre « l’inefficacité » de la politique à l’ancienne, celle que pratique Bayrou. Il faut le faire face au désir de performativité immédiate des gestionnaires qui veulent des programmes et des mesures et plus encore des populistes qui choisissent délibérément le registre de la croyance infantile qui nie tout besoin de politique.

Trump et Bayrou, deux discours, deux mondes
@Julien Muguet pour Le Monde

J’ai en tête depuis quelques jours un article sur le discours de politique générale de Bayrou. Mais entretemps, je me suis imposé l’épreuve d’écouter le discours d’investiture de Trump. Ils ont été prononcés dans le même monde à quelques jours d’écart. J’ai du mal à le croire. Sans doute une faille spatiotemporelle s’est-elle ouverte entre le 14 et le 20 janvier. Je crains que cette faille ne fasse que s’élargir  et qu’hélas nous soyons irrésistiblement entraîné du côté obscur de la force musko-trumpienne.

Je ne veux pas ici me lancer dans une analyse comparée des contenus programmatiques des deux discours, ça n’aurait pas beaucoup de sens ! Je vais plutôt essayer de comprendre ce que montre de la politique leur réception différente. On s’est beaucoup moqué du discours de Bayrou qui n’avait rien à annoncer de tangible ; inversement, même si c’était souvent pour en dénoncer les menaces, les commentateurs se sont longuement étendus sur l’annonce puis la mise en scène des executive orders de Trump, signes tangibles – selon eux – de sa préparation et de son efficacité.

Bayrou a fait un discours politique entaché de tout le discrédit qui entoure la politique. Trump a fait un prêche religieux ovationné par des fidèles et des convertis. Trump a célébré un culte égotique en prenant des décrets providentiels à effet immédiat quand Bayrou proposait une méthode pour construire des compromis en prenant le temps de la négociation. Deux mondes décidément ! Continuer la lecture de « Trump et Bayrou, deux discours, deux mondes »

Réconcilier souveraineté domestique et écologie

Comment parler des enjeux écologiques et des moyens d’y faire face quand toute initiative des pouvoirs publics est immédiatement rejetée comme liberticide ? Peut-être en prenant en compte le besoin de « souveraineté domestique » dont parle Destin Commun …

Réconcilier souveraineté domestique et écologie
Chris Barbalis @unsplash

Comme souvent l’émission C Politique, animée maintenant par Thomas Snégaroff, était passionnante sur une question pourtant rebattue : le rejet des élites. Une notion que je ne connaissais pas a été présentée par Laure de Nervaux directrice de Destin commun : la perte de souveraineté domestique. Lors des entretiens qu’elle a pu conduire sur de nombreux sujets touchant aux modes de vie, elle a été frappée que revenait régulièrement l’agacement de Français qui ne supportaient pas que le Gouvernement veuille régir leur alimentation (en demandant de consommer moins de viande), leur manière de se chauffer (avec la règle du 19°)… « Mon salon c’est le dernier endroit où je décide ce que je fais. »

Toute intrusion des pouvoirs publics dans la sphère domestique pour des personnes qui ne se sentent pas reconnues dans l’espace public est vécue comme une perte de souveraineté insupportable puisque l’organisation de leur vie privée est le seul pouvoir qui leur reste. L’écologie n’est pas seulement vue comme punitive, elle prive le citoyen de sa dernière liberté d’action, du dernier droit à vivre debout. On entend ainsi : Avec « votre » démocratie, le peuple n’est plus souverain, je suis forcé de m’en accommoder mais alors je vous interdis de toucher à mon royaume, ma maison (et son extension, ma voiture). Au lieu d’être émancipatrice, l’écologie, mal mise en œuvre, conduit à l’enfermement de chaque foyer dans son royaume, défendu derrière des murs qui montent et des portails qui se ferment. Plus besoin des vieilles pancartes « Attention, chien méchant », le franchissement des frontières des royaumes privés n’est plus imaginable sauf en étant dûment muni d’un visa délivré aux seuls proches. Continuer la lecture de « Réconcilier souveraineté domestique et écologie »

Transition, réussir une mobilisation d’une ampleur inédite !!

La transition, c’est un grand dérangement !! On ne la réussira pas sans bousculer nos vies trop rangées. Je propose cinq ingrédients radicaux pour sortir des chemins balisés et embarquer très largement la société. Nous avons autant besoin d’une révolution culturelle que d’une transformation profonde des pratiques politiques.

Transition, réussir une mobilisation d’une ampleur inédite !!
danny-howe-OS5HUT_JkiE-unsplash

Et si nos gouvernants cessaient de vouloir faire la transition « sans nous déranger » ? Et s’ils prenaient la mesure des impasses auxquelles aboutissent toutes les démarches qui cherchent à nous exonérer, nous les citoyens de ce pays, de toute implication réelle et concrète ? Nous avons compris avant eux que la transition ne pouvait pas se produire sans effets majeurs sur nos vies. Il ne suffit pas de promettre qu’elle sera juste comme si cette justice pouvait nous être accordée par la bienveillance de dirigeants compatissants.

Dire que nous aurons à prendre notre juste part aux côtés des pouvoirs publics et des entreprises comme le dit le rapport Pisany-Ferry Mahfouz ne tient pas compte du fait que nous allons devoir réorganiser nos vies et pas seulement contribuer financièrement. L’Etat peut baisser ou augmenter des impôts de manière plus ou moins juste mais quelle signification aurait une justice octroyée en matière d’habitat, de déplacements, d’alimentation ? Il est possible de penser une transition juste mais à la condition que nous soyons nous-mêmes engagés dans la transformation de nos manières de nous nourrir, de choisir et d’aménager nos logements, de réorganiser nos déplacement domicile-travail, nos voyages et nos loisirs. De tels bouleversements ne peuvent s’imaginer sur le simple registre des investissements, des efforts partagés et de la justice distributive. L’impasse assumée du rapport Pisany-Ferry Mahfouz sur la sobriété est significative d’une approche financière de la transition, résumée par l’expression « il faut remplacer de l’énergie fossile par du capital ». Je serais d’accord si le capital envisagé intégrait une forme de « capital humain » faite d’intelligence collective et d’inventivité. Il n’en est rien à ce stade. Et la justice préconisée par Pisany-Ferry, via la dette et la fiscalité exceptionnelle sur les plus grandes fortunes est rejetée sans débat. Continuer la lecture de « Transition, réussir une mobilisation d’une ampleur inédite !! »

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