Nous attendons tous. Nous attendons la fin de cette pandémie, l’arrivée des vaccins. La fin de l’hiver, l’arrivée des beaux jours n’auront jamais eus autant d’importance dans nos vies. Nous attendons. Mais ne sommes-nous pas en train de sortir de cette attente franche, celle du premier confinement, celle où nous étions sûrs de revenir à notre vie d’avant ou au contraire de déboucher dans le monde d’après ? Ne sommes-nous pas en train de découvrir avec une forme de nausée et d’angoisse qu’il n’y aura ni vie d’avant ni monde d’après ? Pas seulement avec cette impression tenace de jour sans fin. Nous n’en sommes même plus là. Nous sommes en train de découvrir que nous sommes entrés dans un cocon pour une lente métamorphose dont nous ne savons finalement pas grand-chose. J’ai appris (ou réappris) récemment que la métamorphose n’est pas une simple transformation de la chenille à laquelle pousseraient des ailes. C’est une forme de liquéfaction conduisant à une renaissance d’un même entièrement différent ! Un autre mot est assez évocateur pour dire la spécificité de notre situation : celui de latence. Etat de latence, temps de latence. Les deux expressions insistent sur deux dimensions différentes de la latence. L’état de latence fait ressortir le caractère caché d’une situation. Il y a un potentiel déjà là mais il n’est pas apparent. Le temps de latence nous fait percevoir le retard avec lequel un phénomène va se manifester. La latence est à la fois une durée et une absence d’évidence. Le temps des pressentiments, des prémonitions. Un temps inquiet mais dont on sait qu’il va déboucher sur du tout autre. Une attente qui fait peur. Face à ce risque de sidération, j’aime à me souvenir que les espagnols utilisent le terme d’esperar pour dire attendre et espérer.
Comme je le disais pour mes vœux l’an dernier, je pense que nous devons prendre l’horizon de la décennie pour espérer la métamorphose. Elle commence seulement, nous allons avoir besoin d’espérance et de fortitude. Je nous les souhaite.